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Notre Dame Miraculeuse des Roses

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25 septembre 2013

IL FAUT LE DIRE

cure_d_ars_eglise_de_Sail_Defrade                                                                                                   

Vous ne devez pas faire coucher vos servantes ou vos filles dans les appartements ou vos domestiques vont chercher, le matin, vos raves et vos pommes de terre. Il faut le dire à la honte des pères et des mères : de pauvres enfants, des servantes auront la confusion de se lever, de s’habiller devant des gens qui n’ont pas plus de religion que s’ils n’avaient jamais entendu parler du vrai Dieu. Souvent, les lits de ces pauvres enfants n’auront point de rideau.

« Mais, me direz-vous, s’il fallait tout ce que vous dites, il y aurait bien de l’ouvrage. »

Mon ami, c’est l’ouvrage que vous devez faire, et si vous ne le faites pas, vous en serez jugé et puni : voilà…  Je sais bien que vous ne ferez rien ou presque rien de ce que je viens de vous enseigner. Mais n’importe, je vous dirai toujours ce que je dois vous dire. Ensuite, tout le mal sera pour vous et non pour moi… Quand le bon Dieu vous jugera, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas ce qu’il fallait faire ; je vous rappellerai ce que je vous dis aujourd’hui.

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25 septembre 2013

VOUS REPONDREZ DE LEURS AMES

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« Mais, me direz-vous, nous ne pouvons pas toujours les suivre. Il y aurait bien de quoi faire. »

« Pour cela, mes frères, je ne vous en dis rien. Mis tout ce que je sais, c’est que vous répondrez de leurs âmes comme de la vôtre même. »

« Mais nous faisons bien ce que nous pouvons. »                                                 

« Je ne sais si vous faites ce que vous pouvez. Mais ce que je sais, c’est que si vos enfants se damnent chez vous, vous le serez aussi. Voilà ce que je sais et rien autre. Vous aurez beau dire que non, que je vais trop loin. Vous en conviendrez, si vous n’avez pas entièrement perdu la foi. Cela seul suffirait à vous jeter dans un désespoir dont vous ne pourriez sortir. Mais je sais bien que vous ne ferez pas un pas de plus pour mieux vous acquitter de vos devoirs envers vos enfants. Vous ne vous inquiétez pas de tout cela, et vous avez presque raison, parce que vous aurez le temps de vous tourmenter pendant toute l’éternité. Passons plus loin. »

25 septembre 2013

LES DEVOIRS DES PARENTS

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Je dis que vous devez encore surveiller vos enfants lorsque vous les envoyez aux champs. Alors, éloignés de vous, ils se livrent à tout ce que le démon peut leur inspirer. Si j’osais, je vous dirais qu’ils font toutes sortes de malhonnêtetés, qu’ils passent des moitiés de jour à faire des abominations. Je sais bien que la plupart ne connaissent pas le mal qu’ils font. Mais attendez qu’ils aient la connaissance. Le démon ne manquera pas de les faire ressouvenir de ce qu’ils ont fait dans ce moment, pour leur faire commettre le péché ou de semblables choses. Savez-vous, mes frères, ce que votre négligence ou votre ignorance produit ? Le voici. Retenez-le bien. Une bonne partie des enfants que vous envoyez dans les champs font des sacrilèges pour leur première communion. Ils ont contracté des habitudes honteuses, ou ils n’osent pas le dire, ou ils ne se sont pas corrigés. Ensuite, si un prêtre qui ne veut pas les damner les refuse, on lui fera des reproches, en disant :

« C’est parce que c’est le mien… »

Allez, misérables, veillez un peu mieux sur vos enfants, et ils ne seront pas refusés. Oui, je dirai que la plus grande partie de vos enfants ont commencé leur réprobation dans le temps où ils allaient aux champs.

25 septembre 2013

LES DEVOIRS DE LA MERE

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Il ne faut pas faire coucher vos enfants ave vous avant qu’ils aient deux ans. Si vous le faites, vous commettez un péché. Si l’Eglise a fait cette loi, ce n’est pas sans raison. Vous êtes obligés de l’observer.

« Mais, me direz-vous, parfois il fait bien froid, ou l’on est bien las. »

Tout cela, mes frères, n’est pas une raison qui puisse vous excuser aux yeux de Dieu. D’ailleurs, quand vous vous êtes mariés, vous saviez bien que vous seriez obligés de remplir les charges et les obligations qui sont attachées à cet état. Oui, mes frères, il y a des pères et des mères si peu instruits de leur religion ou si peu soucieux de leurs devoirs, qu’ils feront coucher avec eux des enfants de quinze à dix-huit ans, et même souvent des frères et des sœurs ensemble. O mon Dieu ! Dans quel état d’ignorance sont ces pauvres pères et mères !

« Mais, me direz-vous, nous n’avons point de lit. »

Vous n’avez point de lit ? Mais il vaut mieux les faire coucher sur une chaise ou chez votre voisin. O mon Dieu ! Que de parents et d’enfants damnés !

Mais je reviens à mon sujet en vous disant que toutes les fois que vous faites coucher vos enfants avec vous, avant qu’ils aient deux ans, vous offensez le bon Dieu ! Hélas ! Combien de pauvres enfants la mère trouve étouffés le matin, et combien de mères sont présentes auquel ce malheur est arrivé ! Et, quand même le bon Dieu vous en aurait préservés, vous n’êtes pas moins coupables que si, chaque fois que vos enfants ont couché avec vous, vous les aviez trouvé étouffés le matin. Vous ne voulez pas en convenir, c’est-à-dire que vous ne vous en corrigez pas. Attendons le jugement, et vous serez forcés de reconnaître ce que vous ne voulez pas reconnaître aujourd’hui.

Il y a des mères qui ont si peu de religion, ou si vous voulez sont si ignorantes que pour montrer à une voisine la santé de leurs enfants, elles les montrent à nu. D’autres, pour les langer, les laissent longtemps découverts devant tout le monde. Eh bien, même en l’absence de toute personne, vous ne devriez pas le faire. Est-ce que vous ne devez pas respecter la présence de leurs anges gardiens ? Il en est de même lorsque vous les allaitez. Est-ce qu’une mère chrétienne doit rester les seins découverts ? Et quoi que bien couverte, ne doit-elle pas se tourner du côté où il n’y a personne ? D’autres, sous prétexte qu’elles sont nourrices, ne sont toujours qu’à moitié couvertes. Quelle abomination ! N’y-a-t-il pas même de quoi faire rougir les païens ? L’on est obligé, pour ne pas s’exposer à des regards mauvais, de fuir leur compagnie.

« Mais, me direz-vous, quoiqu’il y ait du monde, il faut bien allaiter nos enfants, et les langer quand ils pleurent ! »

Et moi je vous dirai que quand ils pleurent, vous devez faire tout ce que vous pourrez pour les apaiser, mais il vaut beaucoup mieux les laisser un peu pleurer que d’offenser le bon Dieu. Hélas ! Combien de mères sont cause de mauvais regards, de mauvaises pensées, d’attouchements déshonnêtes ! Dites-moi, sont-ce là des mères chrétiennes qui devraient être si réservées ? O mon Dieu ! A quel jugement doivent-elles s’attendre ? D’autres sont si cruelles qu’elles laissent leurs enfants en été courir toute la matinée à moitié couvert. Dites-moi, misérables, ne seriez-vous pas mieux à votre place parmi les bêtes sauvages ? Où est donc votre religion et le souci de vos devoirs ? Hélas ! Pour de la religion, vous n’en avez point. Et vos devoirs, les avez-vous déjà connus ? Vous en donnez la preuve chaque jour. Ah ! Pauvres enfants, que vous êtes malheureux d’appartenir à de tels parents !

 

25 septembre 2013

LES DEVOIRS DE LA FEMME ENCEINTE

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Je vais vous parler aussi simplement qu’il me sera possible. Afin que vous puissiez bien comprendre vos devoirs et les accomplir.

Je dis 1° Que, dès qu’une mère est enceinte, elle doit faire quelque prière ou quelque aumône. Mieux encore, si elle le peut, faire dire une messe pour prier la Très Sainte Vierge de la recevoir sous sa protection, afin qu’elle obtienne du bon Dieu que ce pauvre enfant ne meure pas sans avoir reçu le saint Baptême. Si une mère avait vraiment le sentiment religieux, elle se dirait à elle-même : « Ah ! Si j’avoir le bonheur de voir ce pauvre enfant devenir un saint, de le contempler toute l’éternité à côté de moi, chantant les louanges du bon Dieu ! Quelle joie pour moi ! » Mais non, mes frères, ce n’est pas la pensée qui occupe une mère enceinte. Elle éprouvera plutôt un chagrin dévorant de se voir dans cet état, et peut-être aura-t-elle la pensée de détruire le fruit de son sein. O mon Dieu ! Le cœur d’une mère chrétienne peut-il bien concevoir un tel crime ? Cependant, que nous en verrons au grand jour qui auront nourri en elles-mêmes des pensées homicides !

2° Je dis qu’une mère enceinte qui veut conserver son enfant pour le ciel, doit éviter deux choses : la première, de porter des fardeaux trop lourds et de lever les bras pour prendre quelque chose, ce qui pourrait nuire à son pauvre enfant et le faire périr. La seconde chose à éviter, c’est de prendre des remèdes qui pourraient fatiguer son enfant, ou se mettre dans des accès de colère, ce qui pourrait souvent l’étouffer. Les amis doivent passer sur beaucoup de choses sur lesquelles ils ne passeraient pas dans un autre temps. S’ils ne le font pas par rapport à la mère, qu’ils le fassent par rapport à ce pauvre enfant. Car peut-être perdraient-ils la grâce du saint Baptême, ce qui serait le plus grand de tous les malheurs !

3° Dès qu’une mère voit approcher ses couches, elle doit aller se confesser, et pour plusieurs raisons. La première est que plusieurs meurent dans leurs couches et que, par conséquent, si elle avait le malheur d’être en état de péché, elle se damnerait. La seconde, c’est qu’en étant en état de grâce, toutes les souffrances et les douleurs qu’elle endurera seront récompensées pour le ciel. La troisième, c’est que toutes les bénédictions qu’elle souhaitera pour son enfant, le bon Dieu ne manquera pas de les lui accorder. Une mère dans ses couches doit conserver la pudeur et la modestie, autant qu’il est possible dans son état, et ne jamais perdre de vue qu’elle est en présence du bon Dieu, en la compagnie de son bon ange gardien. Elle ne doit jamais faire gras les jours défendus, sans permission, ce qui attirerait la malédiction sur elle et son enfant.

4° Ne laisser jamais passer plus de vingt-quatre heures sans baptiser son enfant.

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24 septembre 2013

TOUT CE QUE VOUS DITES DE PLUS VIENT DU DEMON 2

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Si vous me demandez ce que l’on entend par ce mot de blasphème… Ce péché, mes frères, est si horrible, qu’il semble que des chrétiens ne devraient pas avoir la force de le proférer. Le blasphème est un mot qui veut dire maudire et détester une beauté infinie, ce qui indique que ce péché, s’attaque directement au bon Dieu. Saint Augustin nous dit : « Nous blasphémons lorsque nous attribuons au bon Dieu quelque chose qu’il n’a pas ou qui ne lui convient pas, ou enfin, quand on s’attribue à soi-même ce qui convient à Dieu, et qui n’est dû qu’à lui seul. » Je dis donc que nous blasphémons : 1° Lorsque nous disons que le bon Dieu n’est pas juste d’en faire de si riches et qui ont tout en abondance, tandis que tant d’autres sont si misérables qu’ils ont à peine du pain à manger 2° Qu’il n’est pas si bon que l’on dit ; puisqu’il laisse tant de personnes dans le mépris et les infirmités, tandis que d’autres sont aimées et respectées  de tout le monde 3° Ou bien en disant que le bon Dieu ne voit pas tout, qu’il ne fait pas attention à ce qu’il se passe sur la terre 4° Encore en disant : « Si le bon Dieu fait miséricorde à un tel, il n’est pas juste, il en a trop fait » 5° Ou bien quand nous faisons quelque perte, et que nous nous emportons contre le bon Dieu en disant : « Ah ! Que je suis malheureux ! Le bon Dieu ne peut pas m’en faire davantage ! Je crois qu’il ne me sait pas au monde, ou s’il me sait, ce n’est que pour me faire souffrir ! » C’est aussi un blasphème que de se moquer de la Sainte Vierge et des saints, en disant : « En voilà un qui n’a pas grand pouvoir : j’ai fait tant de prières, je n’ai jamais rien obtenu. »

Saint Thomas nous dit que le blasphème est une parole injurieuse, outrageuse contre le bon Dieu ou contre les saints. Ce qui se fait en quatre manières. Par affirmation, en disant : « Le bon Dieu est un cruel et un injuste de permettre que je souffre tant de maux, que l’on me calomnie de la sorte, que l’on me laisse perdre cet argent ou ce procès. Ah ! Que je suis malheureux ! Tout périt chez moi, je ne puis rien avoir ; tandis que tout réussit chez les autres. » 2° On blasphème e disant que le bon Dieu n’est pas Tout Puissant, et que l’on peut faire quelque chose sans lui. Ce fut ce blasphème que Sennachérib, roi des Assyriens, proféra lorsqu’il assiégea la ville de Jérusalem, en disant que malgré le bon Dieu, il prendrait la ville. Il se moquait de Dieu, en disant qu’il n’était pas assez puissant pour lui empêcher d’entrer et de mettre tout à feu et à sang. Mais le bon Dieu, pour punir ce misérable de son blasphème et lui montrer qu’il était Tout Puissant, lui envoya un Ange qui, dans une seule nuit, lui tua cent quatre-vingts mille hommes. Le roi, le lendemain, voyant toute son armée égorgée sans savoir par qui, tout épouvanté, s’enfuit à Ninive, où il fut tué lui-même par ses deux enfants. 3° L’on blasphème lorsqu’on attribue à une écriture ce qui n’est dû qu’à Dieu, comme ces misérables qui diront à une créature infâme qui sera l’objet de leur passion : « Je vous aime de toute la tendresse de mon cœur… Je vous suis si attaché, que je vous adore. » Crime qui fait fureur, et cependant bien commun, du moins dans l’action. 4° Lorsqu’on blasphème, en disant : « Ah ! S…N…de D… ! » Cela fait horreur !

Ce péché est si grand et si affreux aux yeux de Dieu qu’il attire toutes sortes de malheurs sur la terre. Les Juifs avaient tant d’horreur des blasphèmes que, quand ils entendaient quelqu’un qui blasphémait, ils déchiraient leurs habits. Ils n’osaient même pas prononcer ce mot, ils l’appelaient : Bénédiction. Le saint homme Job avait si peur que ses enfants eussent blasphémé, qu’il offrait des sacrifices au Seigneur le cas qu’ils eussent blasphémé… Saint Augustin dit que ceux qui blasphèment Jésus Christ dans le ciel, sont plus cruels que ceux qui l’ont crucifié étant sur la terre. Le mauvais larron blasphémait Jésus Christ étant sur la croix, en disant : « S’il est Tout Puissant,  qu’il se délivre et nous aussi. » Le prophète Nathan dit au roi David : « Parce que vous avez été la cause que l’on a blasphémé le nom du bon Dieu, votre enfant mourra, et le châtiment ne sortira point de votre maison de toute votre vie. » Le bon Dieu nous dit : « Celui qui blasphèmera le nom du Seigneur, je veux qu’il soit mis à mort. » Nous lisons dans l’Ecriture Sainte qu’on amena à Moise un homme qui avait blasphémé. Moise consulta le Seigneur, qui lui dit qu’il fallait le mener dans un champ, et le faire mourir : c’est-à-dire l’assommer à coups de pierres.

Nous pouvons dire que le blasphème est vraiment le langage de l’enfer. Saint Louis, roi de France, avait tellement en horreur ce crime qu’il avait ordonné que tous les blasphémateurs seraient marqués d’un fer rouge au front. Lui ayant amené un bourgeois de Paris qui avait blasphémé, plusieurs voulurent solliciter sa grâce, mais le roi leur dit qu’il voudrait mourir lui-même pour détruire ce mauvais péché, et ordonna qu’il fût puni. L’empereur Justin faisait arracher la langue à ceux qui avaient eu le malheur de  commettre un si grand crime. Pendant le règne du roi Robert, le royaume de France était accablé de toutes sortes de malheurs, et le bon Dieu révéla à une sainte que tant que les blasphèmes dureraient, les châtiments dureraient. L’on porta une loi qui condamnait tous ceux qui blasphémaient à avoir la langue percée d’un fer rouge pour la première fois, et ordonnait que la deuxième fois, on les ferait mourir.

Prenez bien garde, mes frères, que si le blasphème règne dans vos maisons, tout ira en périssant. Saint Augustin nous dit que le blasphème est un plus grand péché que le parjure, parce que, nous dit-il, par le parjure, nous prenons le nom du bon Dieu à témoin d’une chose fausse, au lieu que pas le blasphème, nous disons une chose fausse du bon Dieu. Quel crime ! Qui de nous a jamais pu le comprendre ? Saint Thomas, nous dit encore qu’il y a une autre sorte de blasphème contre le Saint Esprit qui se commet en trois façons : 1° En attribuant au démon les œuvres du bon Dieu comme faisaient les Juifs qui disaient que Jésus Christ chassait les démons au nom du prince des démons. Comme faisaient les tyrans et les bourreaux qui attribuaient à la magie et au démon les miracles que les saints faisaient. 2° L’on blasphème contre le Saint Esprit, nous dit Saint Augustin, « quand on meurt dans l’impénitence finale ». L’impénitence est un esprit de blasphème, puisque la rémission de nos péchés se fait par la charité, qui est le Saint Esprit. 3° Quand nous faisons des actions qui sont directement opposées à la volonté du bon Dieu, comme lorsque nous désespérons de notre salut, et que nous ne voulons pas prendre tous les moyens de l’obtenir, comme lorsque nous sommes fâchés de ce que d’autres reçoivent plus de grâces que nous. Prenez bien garde de ne jamais vous laisser aller à ces sortes de péchés, parce qu’ils sont affreux ! Nous traitons le bon Dieu d’injuste, en disant qu’il donne plus aux autres qu’à nous. N’avez-vous pas blasphémé, mes frères, en disant qu’il n’y a de providence que pour les riches et les méchants ? N’avez-vous pas blasphémé, quand il vous arrive quelque perte, en disant :

« Mais qu’ai-je donc fait au bon Dieu de plus qu’un autre, pour que j’aie tant de malheurs ? »

Ce que vous avez fait, mon ami ? Levez les yeux et vous verrez que vous l’avez crucifié. N’avez-vous pas encore blasphémé en disant que vous êtes trop tenté, que vous ne pouvez pas faire autrement, que c’est votre sort… Eh ! Quoi, mes frères, vous n’y pensez pas ? C’est que le bon Dieu vous aurait fait vicieux, colères, emportés, fornicateurs, adultères, blasphémateurs ! Vous n’avez pas la foi du péché originel qui a dégradé l’homme de l’état de droiture et de justice, dans lequel nous avons d’abord été crées ! C’est plus fort que vous… Mais, mon ami, la religion ne vient donc pas à votre aide pour vous faire connaître toute la corruption originelle ? Et vous osez, misérable, blasphémer encore contre celui qui vous l’a donnée comme le plus grand don qu’il pouvait vous faire !

N’avez-vous pas encore blasphémé contre la Sainte Vierge et les Saints ? Ne vous  êtes-vous pas moqué de leurs vertus, de leurs pénitences et de leurs miracles ? Hélas ! Dans ce malheureux siècle, combien ne trouvons-nous pas d’impies qui portent leur impiété jusqu’à mépriser  les saints qui sont dans le ciel et les justes qui sont sur la terre. Combien de personnes qui se raillent des austérités qu’ont faites les saints, et qui ne veulent ni servir le bon Dieu, ni souffrir que les autres le servent. Voyez encore, mes frères, si vous n’avez pas fait répéter vos jugements et vos blasphèmes aux enfants. Ah ! Malheureux, quels sont les châtiments qui vous attendent dans l’autre vie !

Mais, me direz-vous, quelle différence y-a-t-il  entre le blasphème et le reniement de Dieu ? Il y a, mes frères, une grande différence entre les blasphèmes et les reniements de Dieu. En parlant de reniement, je ne veux pas parler de ceux qui renient le bon Dieu en quittant la véritable religion : nous appelons ces personnes-là des renégats ou des apostats. Mais je veux parler de ceux qui, en parlant, ont cette maudite habitude, par colère et par emportement, de renier le saint nom de Dieu : comme une personne qui perdra dans un marché qu’elle fera, ou au jeu, elle s’emporte contre Dieu, comme voulant faire croire qu’il en est la cause. Lorsque cela vous arrive, il faut que le bon Dieu essuie toutes les fureurs de votre colère, comme s’il était la cause de votre perte, ou de l’accident qui vous est arrivé. Ah ! Malheureux, celui qui vous a tiré du néant, qui vous conserve et qui vous comble continuellement de biens, vous osez encore le mépriser, profaner son saint nom et le renier ; tandis que s’il avait écouté sa justice, depuis longtemps vous seriez abîmés dans les enfers ! Nous voyons ordinairement qu’une personne qui a le malheur de commettre ces gros crimes fait une fin malheureuse. Il est rapporté dans l’histoire qu’il y avait un homme malade et réduit à la misère. Un missionnaire était entré chez lui pour le voir et le confesser, le malade lui dit :

« Ah ! Mon père, le bon Dieu me punit de mes colères, de mes emportements, de mes blasphèmes et de mes reniements de Dieu. Je suis malade depuis bien longtemps. Je suis extrêmement pauvre, tout mon bien a fait une mauvaise fin. Mes enfants me méprisent et m’abandonnent, ils ne valent rien à cause des mauvais exemples que je leur ai donnés. Il y a déjà bien longtemps que je souffre sur ce pauvre grabat. Ma langue est toute pourrie, je ne peux rien avaler sans ressentir des douleurs incroyables. Hélas ! Mon père, je crains bien qu’après avoir bien souffert en ce monde, il me faille encore souffrir dans l’autre vie.

Nous voyons même de nos jours, que ces jureurs et ces renieurs du saint nom de Dieu font presque toujours des fins malheureuses. Prenez bien garde, mes frères, si vous avez cette mauvaise habitude, il faut vite vous corriger, crainte que si vous ne faites pas pénitence en ce monde, vous n’alliez la faire dans les enfers. Ne perdez jamais de vue que votre langue ne doit être employée que pour prier le bon Dieu et chanter ses louanges. Si vous avez la mauvaise coutume de jurer, il faut souvent prononcer le saint nom de Jésus avec respect, pour purifier vos lèvres.

4° Si maintenant, vous me demandez ce que l’on entend par malédiction et imprécation : c’est, mes frères, dans un moment de colère ou de désespoir, maudire une personne, une chose ou une bête. C’est vouloir l’anéantir ou la rendre malheureuse. Le Saint Esprit nous dit que celui qui a souvent la malédiction à la bouche doit bien craindre que le bon Dieu ne lui accorde ce qu’il souhaite. Il y en a qui ont toujours le démon à la bouche, qui lui donnent tout ce qui les fâche. Si une bête, en travaillant, ne va pas comme ils veulent, ils la maudissent, ou la donnent au démon. Il y en a qui, quand le temps est mauvais, disent : Maudit temps ! Maudite pluie ! Ah ! Maudit froid ! Ah ! Maudits enfants !... N’oubliez jamais que le Saint Esprit nous dit qu’une malédiction prononcée en vain et légèrement, tombera sur quelqu’un. Saint Thomas nous dit que si nous prononçons une malédiction contre quelqu’un, c’est un péché mortel, si l’on souhaite ce que l’on dit. Saint Augustin nous dit qu’une mère avait maudit ses enfants qui étaient au nombre de sept. Ils furent tous possédés du démon. L’on voit que plusieurs enfants, pour avoir été maudits de leurs parents, avaient été infirmes, et misérables toute leur vie. Nous lisons qu’il y avait une fois une mère que sa fille avait fait mettre en colère, elle lui dit : « Je voudrais que le bras te séchât ! » En effet, à cette enfant, le bras lui sécha presque tout de suite.

Les gens mariés doivent bien prendre garde de ne jamais se maudire. Il y en a qui, s’ils sont malheureux dans leur ménage, maudissent la femme, les enfants, les parents et ceux qui se sont mêlés du mariage. Hélas ! Mon ami, tout votre malheur vient de ce que vous y êtes entré avec une conscience toute couverte de péchés. Pensez à cela devant le bon Dieu, et vous verrez que c’est la vérité. Les ouvriers ne doivent jamais maudire leur travail, ni ceux qui les font travailler. D’ailleurs, vos malédictions ne font pas mieux aller vos affaires. Au contraire, si vous preniez patience, si vous saviez bien offrir toutes vos peines au bon Dieu, vous gagneriez beaucoup pour le ciel. N’avez-vous pas encore maudit les instruments dont vous vous servez pour travailler, en disant : « Maudite bête, maudite serpe, maudite charrue ! » et le reste ? Voilà, mes frères, ce qui attire toutes sortes de malédictions sur vos bêtes, vos travaux et vos terres qui souvent sont ravagées par les grêles, ou les pluies et les gelées. Ne vous êtes-vous pas maudit vous-mêmes : « Ah ! Si au moins, je n’avais jamais vu le jour !... Si j’étais mort en venant au monde !... Ah ! Si j’étais encore dans le néant !... » Hélas ! Que de péchés, dont une bonne partie ne s’accusent nullement, et n’y pensent même pas ! Je vous dirais encore que vous ne devez jamais maudire ni vos enfants, ni vos bêtes, ni votre travail, ni le temps, parce qu’en tout cela, vous maudissez de ce que le bon Dieu fait de sa sainte volonté. Les enfants doivent prendre garde de ne jamais donner occasion à leurs parents de les maudire, ce qui est le plus grand de tous les malheurs. Souvent un enfant maudit de ses parents est maudit du bon Dieu. Lorsque quelqu’un vous aura fait quelque chose qui vous fâchera, eh bien ! Au lieu de le donner au démon, ne feriez-vous pas mieux de lui dire : « Que le bon Dieu vous bénisse ! » Alors vous seriez véritablement les bons serviteurs du bon Dieu qui rendent le bien pour le mal.

Il y aurait encore à vous parler, sur ce commandement, des vœux que l’on fait. Il faut bien prendre garde de ne jamais faire de vœux sans consulter. Il y a des personnes qui, quand elles sont malades, se vouent à tous les saints, et ensuite, ne se mettent pas en peine d’accomplir leurs vœux. Il faut encore savoir si vous les avez bien faits comme il faut, c’est-à-dire, étant en état de grâce, si vous les avez… les dimanches, les fêtes d’obligation. Hélas ! Que de péchés se commettent dans ces vœux ! Ce qui loin de plaire au bon Dieu ne peut que l’offenser !

Si vous me demandiez pourquoi est-ce qu’il y en a tant maintenant qui jurent, qui font des serments faux, qui prononcent des malédictions et des imprécations affreuses et des reniements de Dieu, je vous dirais que ceux qui se livrent à ces sortes d’horreur sont ceux qui n’ont ni foi, ni religion, ni conscience, ni vertu. Ce sont des gens en partie abandonnés du bon Dieu. Que nous serions plus heureux si nous avions le bonheur de n’employer notre langue, qui a été consacrée au bon Dieu par le saint Baptême, qu’à prier un Dieu si bon, si bienfaisant, et à chanter ses louanges ! Puisque c’est pour cela que le bon Dieu nous a donné une langue, tâchons, mes frères, de la lui consacrer, afin qu’après cette vie, nous ayons le bonheur d’aller le bénir pendant toute l’éternité dans le ciel. C’est ce que je vous souhaite.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

24 septembre 2013

TOUT CE QUE VOUS DITES DE PLUS VIENT DU DEMON 1

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Il est bien étonnant, mes frères, que le bon Dieu soit obligé de nous faire un commandement pour nous défendre de profaner son saint nom. Peut-on bien concevoir, mes frères, que des chrétiens puissent se livrer au démon, pour être un instrument dont il se sert pour maudire un Dieu si bon et si bienfaisant ? Peut-on bien concevoir qu’une langue, qui a été consacrée au bon Dieu par le saint Baptême, et, tant de fois, arrosée par son sang adorable, soit employée à maudire son Créateur ? Le pourrait-il faire, celui qui croirait véritablement que le bon Dieu ne la lui a donnée que pour le bénir et chanter ses louanges ? Vous conviendrez avec moi que c’est là un crime épouvantable, qui semble forcer le bon Dieu à nous accabler de toutes sortes de malheurs, et à nous abandonner au démon à qui nous obéissons avec tant de zèle. Ce crime fait dresser les cheveux de la tête à toute personne qui n’a pas encore entièrement perdu la foi. Cependant, malgré la grandeur de ce péché, son horribilité, et sa noirceur, y a-t-il un péché plus commun que le jurement, les blasphèmes, les imprécations et les malédictions ? N’a-t-on pas la douleur de voir sortir même de la bouche des enfants, qui à peine savent leur Notre Père, ces sortes de jurements, capables d’attirer toutes sortes de malheurs sur une paroisse ? Je vais donc, mes frères, vous montrer ce que l’on tend par jurements, blasphèmes, reniements, imprécations et malédictions. Tâchez pendant ce temps-là, de bien dormir, afin qu’au jour du jugement, vous ayez fait le mal sans savoir ce que vous faisiez, et que vous soyez damnés parce que votre ignorance sera toute de votre faute.

Pour vous faire comprendre la grandeur de ce péché, mes frères, il faudrait pouvoir vous faire comprendre la grandeur de l’outrage qu’il fait au bon Dieu : ce qui ne sera jamais donné à un mortel. Non, mes frères, il n’y a que l’enfer, il n’y a que la colère, la puissance et la fureur d’un Dieu, toutes réunies sur ces monstres infernaux, qui puissent faire sentir la grandeur de son atrocité. Non, non, mes frères, n’allons pas plus loin, il faut pour cela un enfer éternel. D’ailleurs ce n’est pas mon dessein, je vais seulement vous faire connaître la différence qu’il y a entre les jurements, les blasphèmes, les reniements, les imprécations, les malédictions et les paroles grossières. Une bonne partie les confond, et prend une chose pour l’autre, ce qui est cause que presque jamais vous ne vous accusez de vos péchés comme il faut, ce qui vous expose à faire de mauvaises confessions, et, par conséquent, à vous damner. Le deuxième commandement, qui nous défend de faire des serments faux, inutiles et de ne pas parjurer, s’exprime en ces termes : « Vous ne prendrez point le Nom du Seigneur en vain. » C’est comme si le Seigneur nous disait : « Je vous ordonne et vous commande de révérer ce nom, parce qu’il est saint et adorable. Je vous défends de le profaner, en l’employant pour autoriser le mensonge, l’injustice, et même la vérité, sans raison suffisante. » Et Jésus Christ nous dit de ne le jurer en aucune matière.

Je dis 1° que les personnes peu instruites confondent souvent les blasphèmes avec les jurements. Un malheureux, dans un moment de colère, ou plutôt de fureur, dira : « Le bon Dieu n’est pas juste de me faire souffrir… » Par ces mots, il a renié le bon Dieu. Il s’accusera en disant : « Mon Père, je m’accuse d’avoir juré. » Or, ce n’est pas un jurement mais un blasphème qu’il a proféré. Une personne sera accusée faussement d’une faute qu’elle n’a pas faite. Elle dira pour se justifier : « Si j’ai fait cela, je ne veux jamais voir la face de Dieu ! »  Ce n’est pas un jurement mais une horrible imprécation. Voilà deux péchés qui sont bien aussi mauvais que les jurements. Un autre, qui aura dit à son voisin qu’il est un voleur, un coquin, s’accusera « d’avoir juré après son voisin ». Ce n’est pas jurer mais c’est lui dire des injures. Un autre dira des paroles sales et déshonnêtes et s’accusera « d’avoir dit de mauvaises raisons. » Vous vous trompez, il faut dire que vous avez dit des obscénités. Voici mes frères, ce que c’est que jurer : c’est prendre le bon Dieu à témoin de ce que l’on dit ou promet ; et le parjure est un serment qui est faux ; c’est-à-dire, c’est quand on jure pour un mensonge.

Le nom du bon Dieu est si saint, si grand et si adorable, que les anges et les saints, nous dit Saint Jean, disent sans cesse dans le ciel : « Saint, Saint, Saint, est le grand Dieu des armées ; que son saint nom soit béni dans tous les siècles des siècles ! » Lorsque la Sainte Vierge alla visiter sa cousine Elizabeth, et que cette sainte lui dit : « Que vous êtes heureuse d’avoir été choisie pour être la mère de Dieu ! », la Sainte Vierge lui répondit : « Celui qui est Tout Puissant, et dont le nom est saint, a fait en moi de grandes choses. » Nous devrons donc mes frères, avoir un grand respect pour le nom du bon Dieu, et ne le prononcerons qu’avec une grande vénération, et jamais en vain. Saint Thomas nous dit que de prononcer le nom du bon Dieu en vain, est un grand péché ; qu’il n’en est pas de ce péché comme des autres : dans les autres péchés, la légèreté de la matière en diminue la noirceur  et la malice et, bien souvent, ce qui est péché mortel n’est plus que véniel : comme le larcin qui est un péché mortel ; mais si c’est peu de chose, comme un ou trois sous, ce ne sera qu’un péché véniel. La colère et la gourmandise sont des péchés mortels ; mais une petite colère, une petite gourmandise, ne sont plus que des péchés véniels. Mais pour le jurement, il n’en est plus de même : plus la matière est légère, plus la profanation est grande. La raison en est que plus la matière est légère, plus le mépris est grand ; comme si une personne priait le roi de lui servir de témoin pour une bagatelle, ce serait se moquer de lui et le mépriser. Le bon Dieu nous dit que celui qui jurera son nom sera puni rigoureusement. Nous lisons dans l’Ecriture Sainte que, du temps de Moise, il y avait deux hommes dont l’un jura le saint nom de Dieu. On le prit et on le mena à Moise qui demanda au bon Dieu ce qu’il en fallait faire. Le Seigneur lui dit de le conduire dans un champ, et d’ordonner à tous ceux qui avaient été témoins de ce blasphème de lui mettre la main sur la tête et de l’assommer afin d’ôter le blasphémateur du milieu de son peuple.

Le Saint Esprit nous dit encore que celui qui est accoutumé de jurer, sa maison sera remplie d’iniquités, et que la malédiction ne sortira point de sa maison, jusqu’à ce qu’elle soit détruite. Notre Seigneur Jésus Christ nous dit, dans l’Evangile, de ne point jurer ni par le ciel, ni par la terre, parce que ni l’un ni l’autre ne nous appartiennent. Quand vous voudrez assurer une chose, dites :

« Cela est, ou n’est pas. Oui ou non. Je l’ai fait, ou je ne l’ai pas fait. »

Et tout ce que vous direz de plus, ne vient que du démon. D’ailleurs, une personne qui a l’habitude de jurer, c’est une personne emportée, attachée à ses propres sentiments ; et toujours elle jure, aussi bien pour le mensonge que pour la vérité.

« Mais, me dira-t-on, si je ne jure pas, on ne me croira pas. »

Vous vous trompez. Jamais l’on ne croit une personne qui jure, parce que cela suppose une personne qui n’a point de religion, et une personne sans religion n’est pas digne d’être crue. Il y en a souvent qui ne savent pas vendre la moindre chose sans jurer, comme si leur jurement bonifiait leur marchandise. Si l’on voit un marchand qui jure en vendant, de suite, l’on pense que cette personne n’a point de foi, qu’il faut prendre garde qu’elle ne nous trompe pas. Ses jurements font horreur et on ne la croit pas. Au contraire, une personne qui ne jurera pas, nous ajouterons foi à ce qu’elle nous dit.

Nous disons dans l’histoire un exemple rapporté par le cardinal Bellarmin, qui va vous montrer que les jurements n’avancent rien. Il y avait, nous dit-il, deux marchands dans Cologne, qui semblaient ne pouvoir rien vendre sans jurer. Leur pasteur les engagea fort à quitter cette mauvaise habitude parce que, bien loin d’y perdre, ils y gagneraient beaucoup. Ils suivirent son conseil. Cependant, pendant quelques temps, ils ne vendirent pas beaucoup. Ils allèrent trouver leur pasteur, en lui disant qu’ils ne vendaient pas autant qu’il leur avait fait espérer. Le pasteur leur dit :

« Prenez patience, mes enfants, vous êtes sûrs que le bon Dieu vous bénira. »

En effet, au bout de quelques temps, le concours fut si grand qu’il semblait que l’on donnait la marchandise pour rien. Ils voyaient eux-mêmes que le bon Dieu les bénissait d’une manière particulière. Le même cardinal nous dit qu’il y avait une bonne mère de famille, qui avait une grande habitude de jurer. A force qu’on lui représenta combien ces jurements étaient indignes d’une mère et qu’elle ne pouvait qu’attirer la malédiction sur sa maison, s’étant bien corrigée, elle avoua elle-même que depuis qu’elle avait perdu sa mauvaise habitude, elle voyait que tout réussissait chez elle, et que le bon Dieu la bénissait d’une manière particulière.

Voulez-vous, mes frères, être heureux pendant votre vie, et que le bon Dieu bénisse vos maisons ? Prenez garde de ne jamais jurer, et vous verrez que tout ira bien chez vous. Le bon Dieu nous dit que dans la maison où le jurement règnera, la malédiction du Seigneur y tombera, et elle sera détruite. Et pourquoi, mes frères, vous laissez-vous aller au jurement, puisque le bon Dieu le défend, sous peine de nous rendre malheureux en ce monde et réprouvés dans l’autre ? Hélas ! Que nous connaissons peu ce que nous faisons ! Nous le connaîtrons mais trop tard.

En deuxième lieu, nous disons qu’il y a encore un autre jurement bien plus mauvais : c’est lorsqu’on ajoute au jurement des serments d’exécration, ce qui fait trembler. Comme les malheureux qui disent : « Si ce que je dis n’est pas vrai, je veux bien ne jamais la voir ! » Ah ! Malheureux ! Vous ne risquez que trop de ne jamais la voir ! « Si ce n’est pas vrai, je veux perdre ma place dans le paradis ! Que le bon Dieu me damne ! Ou : que le démon m’emporte ! » Ah ! Vieux endurci ! Le démon ne t’emportera que trop, sans que tu te donnes si longtemps d’avance, à lui. Combien d’autres qui ont toujours le démon à la bouche à la moindre chose qui ne va pas comme ils veulent : « Ah ! Le diable d’enfant, la diable de bête ou d’ouvrage ! … Que tu crèves donc une fois, tant tu m’ennuies ! » Hélas ! Une personne qui a si souvent le nom du démon dans la bouche, il est bien à craindre qu’elle l’ait dans le cœur ! Combien d’autres qui sont toujours après dire : « Oh ! Ma foi, oui… Oh ! Ma foi, non… Oh ! Mâtin d’enfant ! » Ou bien encore : « Pardi ! … Pardi ! … sur ma conscience ! … sur la foi des chrétiens !... »

Il y a une autre sorte de jurements, de malédictions auxquelles l’on ne pense pas, ce sont les jurements que l’on fait dans son cœur. Il y en a qui croient que parce qu’ils ne le disent pas de la bouche, il n’y a point de mal. Vous vous trompez grandement, mes amis. Il vous est arrivé que quelqu’un vous a fait quelque dégât dans vos terres, ou ailleurs, vous leur jurez après dans votre cœur, et vous les maudissez en disant : « Au moins, si le démon les avaient emportés ! … Que le tonnerre les eût écrasés !... Ou que ces raves et ces truffes les eussent empoisonnés en les mangeant ! … » Et vous conserverez ces pensées combien de temps dans votre cœur, et vous croyez que, parce que vous ne les dites pas de bouche, ce n’est rien. Mon ami, c’est un gros péché, il faut bien vous en accuser, sans quoi vous serez perdu. Hélas ! Qu’il y a peu de personnes qui connaissent l’état de leur pauvre âme, telle qu’elle est aux yeux du bon Dieu !

En troisième lieu, nous disons qu’il y en a d’autres, encore plus coupables, qui jurent non seulement pour des choses véritables, mais encore pour des choses fausses. Si vous pouviez comprendre combien votre impiété méprise le bon Dieu, vous n’auriez jamais le courage de le faire. Vous vous comportez envers le bon Dieu comme un vil esclave disant au roi : « Sire, il faut que vous me serviez de faux témoin. » Cela ne vous fait-il pas horreur, mes frères ? Le bon dieu nous dit dans l’Ecriture Sainte : « Soyez saints parce que je suis saint. Ne mentez pas, et ne trompez point votre prochain, et ne vous parjurez point en prenant le nom du Seigneur votre Dieu, à témoin pour un mensonge, et ne profanez point le nom du Seigneur ». Saint Jean Chrysostôme nous dit : « Si c’est déjà un si grand crime que de jurer pour une chose véritable, quelle est la grandeur du crime de celui qui jure faussement, pour assurer un mensonge ? » Le Saint Esprit nous dit que celui qui dit des mensonges périra. Le prophète Zacharie nous assure que la malédiction viendra dans la maison de celui qui jurera pour assurer un mensonge, et qu’elle y restera jusqu’à ce que cette maison soit renversée et détruite. Saint Augustin nous dit que le parjure est un grand crime et une bête féroce, qui fait un ravage effroyable. Voilà ce qui augmente encore ce péché, c’est qu’il y en a qui ajoute au jurement faux un serment d’exécration en disant : « Si cela n’est pas vrai, je ne veux jamais voir la face de Dieu ! … Que Dieu me damne !... Ou que le démon m’emporte ! » Ah ! Malheureux ! Si le bon Dieu vous prenait au mot, où seriez-vous ? Depuis déjà combien d’années vous brûleriez dans les enfers ! Dites-moi, mes frères, peut-on bien concevoir qu’un chrétien puisse se rendre coupable d’un tel crime et d’une telle horribilité ? O mon Dieu ! Un ver de terre pousse la barbarie à un tel excès ! Non, mes frères, non, cela n’est pas concevable pour un chrétien.

Il faut encore examiner si vous aviez résolu de jurer ou bien de faire des serments faux, et combien de jours, vous aviez eu cette pensée ; c’est-à-dire, combien de temps vous avez été disposé à le faire. Une bonne partie des chrétiens n’y fait pas seulement attention, quoique ce soit un gros péché.

« Mais, me direz-vous, j’y ai bien pensé, aussi je ne l’ai pas fait. »

Mais votre cœur l’a fait, et, puisque vous êtes dans la disposition de le faire, vous êtes coupables aux yeux du bon Dieu. Hélas ! Pauvre religion, que l’on te connaît peu !

Nous voyons dans l’histoire un exemple frappant de la punition de ceux qui font de faux serments. Du temps de Saint Narcisse, évêque de Jérusalem, trois jeunes libertins qui s’abandonnaient à l’impureté, calomniaient horriblement leur saint évêque en l’accusant des crimes dont ils étaient coupables eux-mêmes, dans l’espérance qu’il n’oserait pas les reprendre. Ils allèrent devant les juges en disant que l’évêque  avait commis tel péché, et ils assurèrent leurs jurements par des serments affreux. Le premier dit : « Si ce que je dis n’est pas vrai, je veux être étouffé. » Le deuxième : « Si cela n’est pas, je veux être brûlé tout vif. » Le troisième : « Si cela n’est pas, je veux perdre les yeux. » Hélas ! La justice du bon Dieu ne tarda pas de les punir : le premier fut étouffé et mourut misérablement. Le deuxième, le feu se mit dans sa maison par une fusée d’un feu de joie que l’on faisait dans la ville, il brûla tout vivant. Le troisième, quoique puni, fut plus heureux que les autres ; il reconnut sa faute, en fit pénitence, et pleura tant qu’il en perdit la vue. En voici un autre exemple, qui n’est pas moins frappant. Nous lisons dans l’histoire de Saint Edouard, roi d’Angleterre, que le comte Gondevin, qui était beau-père du roi, était si jaloux et si orgueilleux qu’il ne voulait souffrir personne auprès du roi. Le roi lui dit un jour qu’il avait participé à la mort de son frère. « Si cela est, dit le comte, je veux que ce morceau m’étrangle. » Le roi prit ce morceau de pain, fit le signe de la croix dessus sans se douter de rien. L’autre le mangea mais il lui resta au gosier, l’étrangla, et il mourut sur le champ. Vous conviendrez avec moi, mes frères, d’après ces effroyables exemples, combien il faut que ce péché soit affreux aux yeux du bon Dieu pour qu’il veuille les punir d’une manière si terrible.

Il y a encore des pères et des mères et des maîtres et maîtresses qui ont à tout moment à la bouche ces paroles : « Ah ! Charogne d’enfant !… Ah ! Bête d’enfant !... Ah ! Imbécile d’enfant !... Que tu crèves donc une fois, tant vous me tourmentez !... Je voudrais être aussi loin que je suis près !...  Le bon Dieu ne vous punira donc pas une fois !... » (Et, en prononçant le b… et le f… : ceci a rapport aux malédictions, je vous le dis tandis que j’y pense). Oui, mes frères, il y a des parents qui ont si peu de religion, qu’ils ont toujours ces mots à la bouche. Hélas ! Combien de pauvres enfants sont infirmes et faibles d’esprit, revêches, vicieux à cause des malédictions que leurs père et mère leur ont données ! Nous lisons dans l’histoire, qu’il y avait une mère qui dit à son enfant : « Tu ne crèveras donc pas, tant tu me tourmentes ? » Ce pauvre enfant tomba mort à ses pieds. Un autre qui dit à son fils : « Le démon ne t’emportera donc pas ? » L’enfant disparut sans qu’on pût savoir où il passa. Mon Dieu ! Quel malheur ! Malheur pour l’enfant et la mère !

Il y avait dans la province de Vallerie, un homme très respectable par sa bonne conduite. Etant un jour revenu de voyage, il appelle son domestique d’une manière assez négligée, il lui dit : « Viens donc, diable de valet, viens donc me déchausser ! » De suite, sa chaussure commence à se défaire sans que personne ne la tirât. Tout épouvanté, il se mit à crier : « Retire-toi, satan, ce n’est pas toi que j’appelle mais c’est mon valet. » De sorte que le démon s’enfuit sur le champ, et sa chaussure resta à moitié retirée. Cet exemple nous prouve, mes frères, combien le démon roule autour de nous pour nous tromper et nous perdre dès que l’occasion s’en présente. C’est pour cela que nous voyons que les premiers chrétiens avaient tant d’horreur du démon, qu’ils n’osaient pas même en prononce le nom. Vous devez donc bien prendre garde de ne jamais le prononcer, ni le laisser prononcer à vos enfants et à vos domestiques : lorsque vous les entendrez, il faut les reprendre jusqu’à ce que vous voyez qu’ils soient corrigés.

Non seulement, mes frères, il est mal fait de jurer, mais encore de faire jurer les autres. Saint Augustin  nous dit que celui qui est cause qu’une autre personne a juré faussement en justice est plus coupable que celui qui commet un homicide, « parce que, nous dit-il, qui tue un homme ne tue que le corps, au lieu que celui qui fait jurer faussement un autre en justice, tue son âme. » Pour vous donner une idée de la grandeur de ce péché, je vais vous montrer combien l’on est coupable lorsque l’on prévoit que les personnes que l’on appelle en justice jureront faussement. Nous lisons dans l’histoire qu’il y avait un bourgeois dans la ville d’Hippone qui était un homme de bien mais un peu trop attaché à la terre. Il voulut contraindre un homme qui lui devait quelque chose d’aller en justice. Ce misérable jura faussement, c’est-à-dire assura qu’il ne devait rien. La nuit suivante, celui qui avait fait conduire l’autre en justice pour être payé, fut présenté lui-même devant un tribunal, où il vit un juge qui lui parla d’une voix terrible et menaçante, en lui demandant, pourquoi il avait fait parjurer cet homme, s’il ne fallait pas plutôt perdre sa dette que de damner cette âme, qu’il lui faisait grâce pour cette fois à cause de ses œuvres, mais il le condamna à être fouetté avec des verges. En effet, le lendemain, il vit son corps tout en sang.

« Mais, me direz-vous, si je ne fais pas jurer, je perdrai ce qu’il me doit. »

Mais vous aimez donc mieux perdre son âme et la vôtre que de perdre votre argent ? D’ailleurs, mes frères, soyez bien sûrs que si vous faites un sacrifice pour ne pas faire offenser le bon Dieu, vous verrez que le bon Dieu ne manquera pas de vous récompenser d’un autre côté. Cependant, ceci n’arrive pas bien souvent ; mais il faut bien prendre garde de ne jamais donner des cadeaux, ni solliciter ceux qui doivent déposer contre vous en justice de ne pas dire la vérité : vous les damneriez et vous aussi. Si vous aviez fait cela, et que l’on eût condamné quelqu’un qui ne le méritât pas, parce que vous avez dit un mensonge, vous seriez obligés de réparer tout le mal que cela a fait et de dédommager la personne, soit dans son bien, soit dans sa réputation et autant que vous le pourrez, sans quoi vous serez damnés. Il faut encore voir si vous n’avez pas eu la pensée de jurer à faux, et combien de temps cette pensée vos est restée dans l’esprit. Il y en a qui croient que parce qu’ils ne l’ont pas dit, il n’y a point de mal. Mon ami, quoique vous ne l’ayez pas dit, votre péché est commis, puisque vous êtes dans la disposition de le faire. Vous voyez encore si vous n’avez pas donné des demi-conseils. Une personne vous dira :

« Je crois que je vais être appelée en justice par un tel, qu’en penses-tu ? J’ai envie de ne pas dire ce que j’ai vu, pour ne pas le faire condamner : l’autre a bien plus de quoi payer. Cependant, je vais faire mal. »

Vous lui direz :

« Ah ! Le mal n’est pas bien grand… Tu vas trop lui porter perte. »

Si d’après cela, il jure à faux, vous êtes obligé, si celui à qui vous avez conseillé n’a pas de quoi dédommager l’autre, de le faire vous-même. Voulez-vous, mes frères, savoir ce qu’il vous faut faire en justice et ailleurs ? Ecoutez Jésus Christ lui-même qui nous dit : « Plutôt que de plaider, si l’on vous demande votre robe de dessus, donnez celle de dessous, parce que cela vous est beaucoup plus avantageux que de plaider. » Hélas ! Qu’un procès fait commettre de péchés ! Que d’âmes les procès damnent par ces serments faux, ces haines, ces tromperies et ces vengeances !

Mais voici, mes frères, les serments qui se font le plus souvent, ou plutôt, à tout bout de champ. Si nous disons quelque chose à quelqu’un, s’il ne veut pas nous croire, nous jurons même avec serment. Les pères et les mères, les maîtres et maîtresses doivent bien prendre garde à cela : souvent leurs enfants ou leurs domestiques ont fait quelque faute, ils les pressent de leur dire, si c’est eux ; et les enfants ou les domestiques, crainte d’être battus ou grondés, jureront combien de fois que ce n’est pas, qu’ils veulent bien ne pas bouger de la place si cela est. Il vaut bien mieux ne rien dire et en souffrir la perte, que de les faire damner. D’ailleurs, qu’avancez-vous ? Vous offensez tous le bon Dieu, et puis c’est tout ce que vous avez. Quel regret, mes frères, si au jour du jugement, vous voyez ces pauvres enfants damnés pour une bagatelle et une chose de rien.

Il y en a encore d’autres qui jurent ou promettent de faire ou de donner quelque chose à un autre, sans avoir l’intention de la faire. Il faut bien examiner avant de promettre une chose, si on pourra la faire. Avant de le promettre, il ne faut jamais dire : « Si je ne fais pas cela, je veux bien ne jamais voir le bon Dieu, ne pas bouger de la place. » Prenez garde, mes frères, ce sont des péchés plus horribles que vous ne pourrez jamais le comprendre. Si, par exemple, vous avez, dans un excès de colère, promis de vous venger, il est bien certain qu’il ne faudrait pas le faire : mais au contraire, bien en demander pardon au bon Dieu. Le Saint Esprit nous dit que celui qui jurera sera puni…

24 septembre 2013

SON DIEU, C’EST SON VIN

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Il n’en est pas de l’ivrognerie comme des péchés qui, avec le temps et la grâce, se corrigent. Pour celui-là, il faut un miracle de la grâce, et non une grâce ordinaire. Me demandez-vous pourquoi les ivrognes se convertissent si rarement ? En voici la raison : c’est qu’ils n’ont ni foi, ni religion, ni pitié, ni respect pour les choses saintes. Rien n’est capable de les toucher et de leur faire ouvrir les yeux sur leur état malheureux. Si vous les menacez de la mort, du jugement, de l’enfer qui les attend pour les brûler, si vous les entretenez du bonheur que Dieu réserve à ceux qui l’aiment, pour toute réponse, ils vous feront un petit sourire malin qui signifie :

« Vous croyez peut-être me faire peur comme on fait aux enfants, mais je ne suis encore du nombre de ceux qui se laissent… pour croire tout cela. »

Voilà tout ce que vous en tirez. Ils croient que quand nous sommes morts, tout est fini. Son Dieu, c’est son vin, et il s’en tient là. « Va, malheureux, lui dit le Saint Esprit, ce vin que tu bois avec excès est comme une couleuvre qui te donne la mort. » Tu n’en crois rien maintenant, mais en enfer, tu apprendras qu’il y a un autre Dieu que ton ventre.

Il faudrait pour qu’il sortît de son état, qu’il pût en sentir toute l’horribilité. Mais hélas ! Il n’a point de foi. Il ne croit que très faiblement les vérités que l’Eglise nous enseigne. Il faudrait qu’il recourût à la prière, mais il n’en fait presque point ou bien s’il les fait, c’est en s’habillant ou en se déshabillant, ou encore il se contentera de faire le signe de la croix, tant bien que mal, en se jetant sur son lit comme un cheval sur le fumier. Il faudrait qu’il usât des sacrements qui sont, malgré le mépris qu’en font les impies, les seuls remèdes que la miséricorde de Dieu nous présente pour nous attirer à lui. Mais, hélas ! Il ne connaît ni les dispositions qu’il faut apporter pour les recevoir dignement, ni même le plus nécessaire de ce qu’il faut savoir pour être sauvé. Si vous voulez l’interroger sur son état, il n’y comprend rien, il vous répond une chose pour l’autre. Si dans un temps de jubilé ou de mission, il veut sauver les apparences, il se contentera de dire seulement  la moitié de ses péchés ; et avec les autres, il va à la sainte Table, c’est-à-dire : il va commettre un sacrilège, cela lui suffit. Mon Dieu ! Quel état est celui d’un ivrogne ! Qu’il est difficile d’en pouvoir sortir…

Le Prophète Isaïe nous dit que les ivrognes sont des créatures inutiles sur la terre pour le bien, mais qu’elles sont très dangereuses pour le mal. Pour nous en convaincre, mes frères, entrez dans un cabaret, que Saint Jean Climaque appelle la boutique du démon, l’école où l’enfer débite et enseigne sa doctrine, le lieu où l’on vend les âmes, où les ménages se ruinent, où les santés s’altèrent, où les disputes commencent et où les meurtres se commettent… Qu’y entend-on ? Vous le savez mieux que moi…

Voyez, mes frères, ce pauvre ivrogne ! Il est plein de vin et sa bourse est vide. Il se jette sur un banc ou sur une table. Le lendemain, il est étonné de se trouver dans un cabaret, tandis qu’il se croyait chez lui. Il s’en va après avoir dépensé tout son argent et souvent il est obligé de laisser en gage son chapeau ou ses habillements avec un billet, afin de pouvoir emporter son corps avec le vin qu’il a bu. Quand il rentre, sa pauvre femme et ses enfants qu’il a laissés sans pain, avec leurs seuls yeux pour pleurer, sont obligés de vite prendre la fuite sinon ils vont être maltraités, comme s’ils étaient la cause de la dépense de son argent et des mauvaises affaires qu’il a faites ! Mon Dieu ! Que l’état d’un ivrogne est déplorable !

Le Concile de Mayence a bien raison de nous dire qu’un ivrogne transgresse les dix commandements de Dieu…

Ah ! Qu’il est à craindre que ceux qui en sont atteints ne s’en corrigent jamais !...

Prions le bon Dieu qu’il nous en préserve…

23 septembre 2013

SI VOUS SAVEZ DONNER, IL FAUDRA SAVOIR RENDRE

 

cure_ars_251_300                                                                                                   

D’autres personnes passant dans un pré, une rivière ou un verger, ne feront point difficulté de remplir leur tablier d’herbes ou de raves, et d’emporter leurs paniers et leurs poches pleins de fruits. Des parents verront venir leurs enfants les mains pleines de ces choses volées, et les reprendront en riant :

« Eh ! C’est bien grand-chose que cela ! »

Mes frères, si vous prenez tantôt pour un sou, tantôt pour deux, vous aurez bientôt fait la matière d’un péché mortel. D’ailleurs, vous pouvez commettre un péché mortel en ne prenant qu’un centime si vous désirez prendre trois francs… Quelquefois, ce sera un cordonnier qui emploiera du mauvais cuir ou du mauvais fil et qui les fera payer comme bons. Ou encore, ce sera un tailleur qui, sous prétexte qu’il ne reçoit pas un assez bon prix de façon, gardera un morceau d’étoffe sans en rien dire. O mon Dieu ! Que la mort va faire découvrir de voleurs ! C’est encore un tisserand qui gâte une partie de son fil plutôt que de prendre la peine de le débrouiller. Ou bien il en mettra du moindre et gardera, sans en rien dire, celui qu’on lui a confié. Voilà une femme à qui l’on donnera du chanvre à filer, elle en jettera une partie, sous prétexte qu’il n’est pas bien peigné, en gardera quelque peu, et mettant son fil dans un endroit humide, le poids y sera tout de même. Elle ne pense peut-être pas qu’il appartient à un pauvre domestique auquel ce fil ne fera point d’usage, parce qu’il est déjà à moitié pourri. Elle sera donc cause des nombreux jurements qu’il fera contre son maître. Un berger sait très bien qu’il n’est pas permis de mener paître dans ce pré ou dans ce bois. N’importe, si on ne le voit pas, cela lui suffit. Un autre sait bien que l’on a défendu d’aller ramasser l’ivraie dans ce blé parce qu’il est en fleur. Il regarde si personne ne le voit et il y entre. Dites-moi, mes frères, seriez-vous bien contents si votre voisin vous faisait cela ? Non, sans doute. Eh bien ! Croyez que celui…

Si maintenant, nous examinons la conduite des ouvriers, il en est une bonne partie qui sont des voleurs… Si on les fait travailler à prix faits, soit pour piocher, soit pour miner, ou pour tout autre travail : ils en massacreront la moitié, et ne laisseront pas que de bien se faire payer. Si on les loue à la journée, ils se contentent de bien travailler quand le maître les regarde et, ensuite, ils se mettent à causer ou à ne rien faire. Un domestique ne fera pas difficulté de recevoir et bien traiter ses amis en l’absence de ses maîtres sachant bien que ceux-ci ne le souffriraient pas. D’autres feront de grosses aumônes, afin d’être considérés comme des personnes charitables. Ne devraient-ils pas au contraire donner de leur gage qu’ils dissipent si souvent en vanités ? Si cela vous est arrivé, n’oubliez pas que vous êtes obligés à rendre à qui de droit tout ce que vous avez donné aux pauvres à l’insu et contre le gré de vos maîtres. C’est encore un premier domestique auquel son patron aura confié la surveillance des autres ou de ses ouvriers et qui, sur leur demande, leur donnera du vin ou tout autre chose. Faites-y bien attention : si vous savez donner, il faudra savoir rendre…

Si nous nous tournons maintenant du côté des maîtres, je crois que nous ne manquerons pas d’y trouver des voleurs. En effet, combien de maîtres ne donnent pas tout ce dont ils ont convenu avec leurs domestiques ; qui, voyant arriver la fin de l’année, font tout leur possible pour les faire partir, afin de n’avoir point à les payer. Si une bête vient à périr malgré les soins de celui qui en était chargé, ils lui en retiendront le prix sur son gage, de sorte qu’un pauvre enfant aura travaillé toute l’année et, au bout de ce temps, se trouvera sans rien. Combien encore ayant promis de la toile la feront faire ou plus étroite, ou de plus mauvais fil, ou même la font attendre plusieurs années, jusqu’au point qu’il faut les appeler en justice pour les obliger à payer. Combien enfin en labourant, fauchant, moissonnant, dépassent les bornes, ou bien coupent chez leur voisin un scion pour s’en faire un manche de pioche, un riote ou une corde à leur charrette. N’avais-je pas raison de dire, mes frères, que si nous examinions de très près la conduite des gens du monde, nous ne trouverions que des voleurs et des adroits ?...

Il en est peu, comme vous voyez, qui n’aient quelque chose sur la conscience. Hé bien ! Où sont ceux qui restituent ? Je n’en sais rien…

« Maintenant, allez-vous dire, nous pouvons espérer connaître, du moins en gros, la manière dont nous pouvons faire tort. Mais comment et à qui faut-il donc rendre ? »

Vous voulez restituer ? Eh bien ! Ecoutez-moi un instant, et vous allez le savoir. Il ne faut pas se contenter de rendre la moitié, ni les trois quarts, mais tout, si vous le pouvez, sans quoi vous serez damnés. Il en est qui, sans examiner le nombre de personnes auxquelles ils ont fait tort, feront quelque aumône ou feront dire quelques messes. Et après cela, ils se croiront en sûreté. C’est vrai, les aumônes et les messes sont de très bonnes choses, mais il faut qu’elles soient données de votre argent, et non pas de celui de votre prochain. Cet argent n’est pas à vous, donnez-le à son maître, et ensuite donnez du vôtre si vous voulez : vous ferez très bien…

Il en est qui disent :

« J’ai bien fait tort à un tel, mais il est assez riche : je connais une pauvre personne qui en a un bien plus grand besoin. »

Mon ami, donnez à cette personne de votre bien, mais rendez à votre prochain le bien que vous lui avez pris.

« Il en fera mauvais usage. »

Cela ne vous regarde pas. Donnez-lui son bien, priez pour lui et dormez tranquille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

23 septembre 2013

OH ! MON DIEU, QUE LA MORT VA FAIRE DECOUVRIR DE VOLEURS !

82_RECTO

 

Je ne veux pas vous parler, mes frères, de ceux qui prêtent à sept, huit, neuf et dix pour cent. Laissons-les de côté. Il faudrait pour leur faire sentir toute la grandeur et la noirceur de leur injustice et de leur cruauté, qu’un de ces vieux usuriers qui, depuis trois ou quatre mille ans, brûlent en enfer, vînt leur faire le récit des tourments qu’il endure et dont ses mille injustices sont la cause. Non, ce n’est pas là mon dessein. Ceux-là savent bien qu’ils font mal et que jamais Dieu ne leur pardonnera, s’ils ne rendent à qui ils ont fait tort. Tout ce que je leur dirais ne servirait qu’à les rendre plus coupables. Entrons dans un détail qui en regarde un plus grand nombre. Je dis que le bien acquis injustement n’enrichira jamais celui qui le possède. Au contraire, il sera une source de malédictions pour toute sa famille. Oh ! Mon Dieu ! Que l’homme est aveugle ! Il est parfaitement convaincu qu’il ne vient dans ce monde que pour un petit moment. A chaque moment, il en voit partir de plus jeunes et de plus robustes que lui. N’importe, cela ne lui fait pas ouvrir les yeux. L’Esprit Saint a beau lui dire par la bouche du saint homme Job qu’il est venu dans le monde dépourvu de tout et qu’il en sortira de même, que tous ces biens après lesquels il court le quitteront tous au moment qu’il y pensera le moins : tout cela ne l’arrête pas encore. Saint Paul affirme que celui qui veut devenir riche par des voies injustes, ne tardera pas de tomber dans de grands égarements. Bien plus, qu’il ne verra jamais la face de Dieu. Cela est si vrai que, sans un miracle de la grâce, un avare ou si vous voulez une personne qui a acquis quelque bien par fraude ou par adresse, ne se convertira presque jamais, tant ce péché aveugle celui qui le commet. Ecoutez comment Saint Augustin parle à ceux qui ont du bien d’autrui. Vous aurez beau, leur dit-il, vous confesser, vous aurez beau faire pénitence te pleurer vos péchés, si vous ne rendez pas, quand vous le pouvez, jamais Dieu ne vous pardonnera… Ou rendez ce qui n’est pas à vous, ou il faudra vous résoudre à aller brûler dans les enfers. L’Esprit Saint ne se contente pas seulement de nous défendre de prendre et de désirer le bien de notre prochain, il ne veut pas même que nous les regardions, dans la crainte que cette vue nous y fasse porter la main dessus. Le prophète Zacharie nous dit que la malédiction du Seigneur restera sur la maison du larron jusqu’à ce qu’elle soit détruite. Et moi je dis que non seulement le bien mal acquis par fraude ou par adresse ne profitera pas, mais qu’il sera cause que votre bien acquis légitimement périra et que vos jours seront abrégés.

Si je voulais, mes frères, examiner la conduite de ceux qui sont ici présents, je ne trouverais peut-être que des voleurs. Cela vous étonne ? Ecoutez-moi un instant et vous allez reconnaître que cela est vrai.

Les vols les plus communs se font dans les ventes et les achats. Entrons dans le détail afin que vous connaissiez le mal que vous faites et, en même temps, puissiez vous corrigez. Lorsque vous portez vendre vos denrées, l’on vous demandera si vos œufs ou votre beurre sont frais. Vous vous empresserez de répondre que oui, tandis que vous savez tout le contraire. Pourquoi le dites-vous ? Sinon pour voler deux ou trois sous à une pauvre personne qui, peut-être, les a empruntés pour entretenir son ménage ? Une autre fois, c’est en vendant du chanvre. Vous aurez la précaution de cacher en dedans le plus petit ou le plus mauvais. Vous direz peut-être : « Si je ne fais pas ainsi, je ne le vendrai pas autant. » C’est-à-dire, si vous vous conduisiez comme un bon chrétien, vous ne voleriez pas comme vous le faites. Une autre fois, vous vous êtes aperçu que dans votre compte, l’on vous avait donné plus qu’il ne fallait, mais vous n’avez rien dit. « Tant pis pour cette personne. Ce n’est pas de ma faute. » Ah ! Mon ami, un jour viendra où ‘on vous dira peut-être avec plus de raison : « Tant pis pour toi ! » Telle personne veut vous acheter du blé, du vin ou des bêtes. Elle vous demandera si ce blé est d’une bonne année. Sans balancer, vous l’assurez que cela est. Votre vin, vous le mélangez avec d’autre mauvais et vous le vendez comme tout bon. Si l’on ne veut pas vous croire, vous le jurez, et ce n’est pas une fois, mais vingt fois que vous donnez votre âme au démon. Oh ! Mon ami, tu n’as pas besoin de tant te tourmenter pour te donner à lui ; il y a longtemps que tu lui appartiens !

« Cette bête, vous dira-t-on encore, a-t-elle quelque défaut ? Il ne faut pas me tromper, je viens d’emprunter cet argent, si vous le faites, me voilà dans la misère ! »

« Ah ! Certes, non, reprenez-vous, cette bête est très bonne. Si je la vends, ce n’est pas sans en être fâché. Si je pouvais faire autrement, je ne la vendrais pas. »

Et, en réalité, vous la vendez parce qu’elle ne vaut rien et ne peut plus vous servir.

« Je fais comme les autres. Tant pis pour celui qui est attrapé. L’on m’a trompé, je tâche de tromper, sans quoi je perdrais trop. »

« N’est-ce pas mon ami, les autres se damnent, il faut bien que vous vous damniez aussi. Ils vont en enfer, il faut bien que vous y alliez avec eux. Vous aimez mieux avoir quelques sous de plus, et aller brûler en enfer pendant toute l’éternité ! Eh bien ! Je vous dis que si vous avez vendu une bête avec des défauts cachés, vous êtes obligés de dédommager l’acheteur de la perte que ces défauts cachés peuvent lui avoir causée, sans quoi, vous serez damné. »

« Ah ! Si vous étiez à notre place, vous feriez bien comme nous. »

« Oui, sans doute, je ferais comme vous si, comme vous je voulais me damner. Mais voulant me sauver, je ferais tout le contraire de ce que vous faites. »

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