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Notre Dame Miraculeuse des Roses
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23 septembre 2013

PARTOUT OU LE PECHE SE COMMETTRA

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Comment, vous vous plaignez de ce que vos bêtes périssent ? Vous avez sans doute oublié tous ces crimes qui se sont commis pendant cinq ou six mois de l’hiver dans vos écuries ? Vous avez oublié ce que dit l’Esprit Saint : « Que partout où le péché se commettra, la malédiction du Seigneur tombera. » Hélas ! Combien de jeunes gens qui auraient encore leur innocence s’ils n’avaient pas été à certaines veillées et qui, peut-être, ne reviendront jamais à Dieu ? N’est-ce pas encore, au sortir de là, que vont courir les jeunes gens qui forment des liaisons qui, le plus souvent, finissent par le scandale et la perte de la réputation d’une jeune fille ? N’est-ce pas là que ces jeunes libertins, après avoir vendu leur âme au démon, vont encore perdre celles des autres ? Oui, mes frères, les maux qui en découlent sont incalculables. Si vous êtes chrétiens, et que vous désiriez sauver vos âmes et celles de vos enfants et de vos domestiques, vous ne devez jamais tenir de veillées chez vous, à moins que vous n’y soyez vous, un des chefs de la maison, pour empêcher que Dieu ne soit offensé. Lorsque vous êtes tous entrés, vous devez fermer la porte et n’y laisser entrer personne. Commencez votre veillée en récitant une ou deux dizaines de votre chapelet pour attirer la protection de la Sainte Vierge, ce que vous pouvez en travaillant. Ensuite, bannissez toutes ces chansons lascives ou mauvaises : elles profanent votre cœur et votre bouche qui sont les temples de l’Esprit Saint, ainsi que tous ces contes qui ne sont que des mensonges et qui, le plus ordinairement, sont contre des personnes consacrées à Dieu, ce qui les rend plus criminels. Et vous ne devez jamais laisser aller vos enfants dans les autres veillées. Pourquoi est-ce qu’ils vous fuient, sinon pour être plus libres ? Si vous êtes fidèles à remplir vos devoirs, Dieu sera moins offensé et vous, moins coupables.

 

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22 septembre 2013

L'ENVIE, PESTE PUBLIQUE

 

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Comme hommes, vous le savez, mes frères, nous devons avoir de l’humanité les uns pour les autres. Mais un envieux au contraire voudrait, s’il le pouvait, détruire ce qu’il aperçoit de bien dans son prochain. Comme chrétiens, vous le savez aussi, nous devons avoir une charité sans borne pour nos frères. Mais un envieux est bien éloigné de toutes ces vertus. Il voudrait voir son frère se ruiner. Chaque trait de la bonté de Dieu envers son prochain est un coup de lance qui lui perce le cœur et le fait mourir secrètement. Puisque nous sommes tous un même corps dont Jésus Christ est le chef, nous devons faire paraître en tout, l’union, la charité, l’amour et le zèle. Pour nous rendre heureux les uns les autres, nous devons nous réjouir, comme nous dit saint Paul, du bonheur de nos frères, et nous affliger avec eux quand ils ont quelques peines. Loin d’avoir ces sentiments, l’envieux ne cesse de lancer des médisances et des calomnies contre son voisin. Il semble par là se soulager, et adoucir un peu son chagrin.

Hélas ! Nous n’avons pas dit assez encore. C’est ce vice redoutable qui renverse les rois et les empereurs de leur trône. Pourquoi, mes frères, parmi ces rois, ces empereurs, ces hommes qui occupent les premières places, les uns sont-ils chassés, les autres empoisonnés, d’autres poignardés ? Ce n’est que pour régner à leur place. Ce n’est pas le pain, ni le vin, ni le logement qui manquent aux auteurs de ces crimes. Non, sans doute, mais c’est l’envie qui les dévore. D’autre part, voyez un marchand : il voudrait avoir toutes les pratiques, et les autres, point. Si quelqu’un le quitte pour aller ailleurs, il tâchera de dire autant de mal qu’il pourra, soit de la personne du marchand, soit de la marchandise. Il prendra tous les moyens possibles pour lui faire perdre sa réputation, en disant que sa marchandise n’est pas si bonne que la sienne, ou qu’il ne fait pas bon poids. Voyez encore la ruse diabolique de cet envieux : il ne le faut pas dire à d’autres, ajoute t-il ; dans la crainte de lui porter perte ; j’en serais bien fâché ; je vous le dis seulement afin que vous ne vous laissiez point tromper. Voyez un ouvrier, si un autre va travailler dans la maison où il a la coutume d’aller, cela le fâche ; il fera tout ce qu’il pourra pour décrier cette personne, afin qu’on ne la reçoive pas. Voyez un père de famille, comme il est fâché si son voisin fait mieux ses affaires que lui, si ses terres produisent plus que les siennes. Voyez une mère, elle voudrait que l’on ne parlât avantageusement que de ses enfants ; si on loue d’autres enfants devant elle et qu’on ne loue pas les siens, elle répondra : ils ne sont pas parfaits ; et elle devient triste. Que vous êtes bonne, pauvre mère ! Les louanges que l’on donne aux autres n’ôtent rien aux vôtres. Voyez la jalousie d’un mari à l’égard de sa femme et d’une femme pour son mari. Voyez comment ils s’examinent dans tout ce qu’ils font, dans tout ce qu’ils disent, comme ils remarquent toutes les personnes à qui ils parlent, toutes les maisons dans lesquelles ils vont. Si l’un s’aperçoit que l’autre parle à quelqu’un, il n’y a sorte d’injures dont il ne l’accable, quoique souvent il soit bien innocent. N’est-ce pas ce maudit péché qui divise les frères et les sœurs ? Un père ou une mère donnent-ils quelque chose de plus aux uns qu’aux autres, vous voyez aussitôt naître cette haine jalouse contre celui ou contre celle qui a été favorisé, haine qui dure des années entières et quelquefois toute la vie. Ces enfants ne sont-ils pas toujours à surveiller leur mère ou leur père, pour voir s’il ne donne pas quelque chose, ou fait bonne grâce à l’un d’eux ? Alors, il n’y a sorte de mal qu’ils ne disent.

Nous voyons même que ce péché semble naître avec les enfants. Voyez en effet, parmi eux, cette petite jalousie qu’ils conçoivent les uns contre les autres, s’ils aperçoivent quelque préférence de la part des parents. Voyez un jeune homme, il voudrait être le seul à avoir de l’esprit, du savoir, une bonne conduite. Il est affligé si les autres font mieux, ou sont plus estimés que lui. Voyez une jeune fille, elle voudrait être la seule aimée, la seule bien parée, la seule recherchée. Si d’autres lui sont préférées, vous la voyez se chagriner et se tourmenter, peut-être même pleurer, au lieu de remercier le bon Dieu d’être méprisée  des créatures pour ne s’attacher qu’à lui seul. Quelle aveugle passion, mes frères ! Qui pourrait bien la comprendre ?

Hélas ! Mes frères, ce vice se trouve même parmi ceux dans lesquels on ne devrait pas le rencontrer ; je veux dire parmi les personnes qui font profession de religion. Elles examineront combien de temps une telle reste à se confesser, la manière dont elle se tient pour prier le bon Dieu. Elles en parlent et elles les blâment. Elles pensent que toutes ces prières, ces bonnes œuvres ne sont que pour se faire voir, ou si vous le voulez ne sont que grimaces. On a beau leur dire que les actions du prochain le concernent seul. Elles s’irritent et prennent ombrage de ce que les autres agissent mieux qu’elles-mêmes. Voyez même parmi les pauvres, si l’on fait plus de bien à l’un d’eux, ils en disent du mal à celui qui a fait l’aumône, afin de le détourner pour une autre fois.  Mon Dieu ! Quelle détestable passion ! Elle s’attaque à tout, aux biens spirituels comme aux temporels.
Nous avons dit que cette passion montre un petit esprit. Cela est si vrai que personne ne croit l’avoir, du moins, ne veut croire en être atteint. On tâchera de la couvrir de mille prétextes pour la cacher aux autres. Si en notre présence, on dit du bien de notre prochain, nous gardons le silence ; cela nous afflige le cœur. Si nous sommes obligés de parler, nous le faisons d’une manière froide. Non, mes frères, il n’y a point de charité dans un envieux. Saint Paul nous dit que nous devons nous réjouir du bien qui arrive à notre prochain. C’est, mes frères, ce que la charité chrétienne doit nous inspirer les uns pour les autres. Mais les sentiments d’un envieux sont bien différents. Non, je ne crois pas qu’il y ait un péché plus mauvais et plus à craindre que celui d’envie, parce que c’est un péché caché et souvent couvert d’une belle robe de vertu ou d’amitié. Disons mieux : c’est un lion que l’on fait semblant de museler, ou un serpent couvert d’une poignée de feuilles, qui vous mordra sans que vous vous en aperceviez. C’est une peste publique qui n’épargne personne.

Nous nous conduisons en enfer sans nous en apercevoir.

Mais comment pouvons-nous, mes frères, nous corriger de ce vice puisque nous ne nous croyons pas coupable ? Je suis sûr que de mille envieux, en bien les examinant, il n’y en aura pas un qui veuille croire qu’il est de ce nombre. Il n’y a point de péché que l’on connaisse moins que celui-là. Dans les uns, l’ignorance est si grande qu’ils ne connaissent pas même le quart de leurs péchés ordinaires. Et comme le péché d’envie est plus difficile à connaître, il n’est pas étonnant que si peu s’en confessent et s’en corrigent. Parce qu’ils ne font pas ces gros péchés  que commettent les gens grossiers et abrutis, ils pensent que les péchés d’envie ne sont que de petits défauts de charité, tandis qu’en grande partie, ce sont de bien mauvais péchés mortels qu’ils nourrissent et entretiennent  dans leur cœur, souvent sans bien les connaître.

« Mais, pensez-vous en vous-même, si je les connaissais, je tâcherais bien de me corriger. »

« Pour les connaître, mes frères, il faut demander les lumières du Saint Esprit. Lui seulement vous fera cette grâce. On aurait beau vous les faire toucher au doigt, vous ne voudriez pas en convenir, vous trouveriez toujours quelque chose qui vous ferait croire que vous n’avez pas eu de tort de penser et d’agir de la manière dont vous agissez. Savez-vous encore ce qui pourra contribuer à vous faire connaître l’état de votre âme et à découvrir ce maudit péché caché dans les plis secrets de votre cœur ? C’est l’humilité. Comme l’orgueil vous le cache, l’humilité vous le découvrira.

 

 

 

 

22 septembre 2013

LES MAUVAISES LANGUES

 

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Les uns médisent par envie, c’est ce qui arrive, surtout parmi les gens du même état, pour s’attirer les pratiques. Ils diront du mal des autres : que leurs marchandises ne valent rien, ou qu’ils trompent, qu’il n’y a rien chez eux et qu’il leur serait impossible de donner la marchandise à ce prix, que plusieurs personnes s’en sont plaintes… Qu’ils verront bien qu’elle ne leur fera pas bon usage… Ou bien que le poids n’y est pas ni la mesure. Un journalier dira qu’un autre n’est pas bon ouvrier, que voilà combien de maisons où il va, et qu’on n’en est pas trop content ; il ne travaille pas, il s’amuse. Ou bien : il ne sait pas travailler. « Ce que je vous dis, il n’en faut rien dire, ajoutent-ils, parce que cela lui porterait perte. « Il faut, lui dites-vous ? Il valait bien mieux, vous-mêmes ne rien dire, cela aurait été bien plus tôt fait. »

Un habitant verra que le bien de son voisin prospère mieux que le sien : cela le fâche, il en dira du mal. D’autres parlent mal de leur voisin par vengeance : si vous avez dit ou fait quelque chose à quelqu’un, même par devoir ou charité, ils chercheront à vous décrier, à inventer mille choses contre vous, afin de se venger. Si l’on dit du bien, cela les fâche, ils vous diront : « Il est bien comme les autres, il a bien ses défauts. Il a fait cela, il a dit cela. Vous ne le connaissez pas ? C’est que vous n’avez jamais eu à faire avec lui. »

Plusieurs médisent par orgueil, ils croient se relever en rabaissant les autres, en disant du mal des autres. Ils feront valoir leurs prétendues bonnes qualités. Tout ce qu’ils diront et feront sera bien, et tout ce que les autres diront ou feront sera mal. Mais, la plupart médisent par légèreté, par une certaine démangeaison de parler, sans examiner si c’est vrai ou non. Il faut qu’ils parlent. Quoique ceux-là soient moins coupables que les autres, c’est-à-dire que ceux qui médisent par haine, par envie ou par vengeance, ils ne sont pas sans péché. Quelque motif qui les fasse agir, ils ne flétrissent pas moins la réputation du prochain.

Je crois que le péché de médisance renferme presque tout ce qu’il y a de plus mauvais. Oui, mes frères, ce péché renferme le poison de tous les vices, la petitesse de la vanité, le venin de la jalousie, l’aigreur de la colère, le fiel de la haine et la légèreté si indigne d’un chrétien… N’est-ce pas, en effet, la médisance qui sème presque partout la discorde, la division, qui brouille les amis, qui empêche les ennemis de se réconcilier, qui trouble la paix des ménages, qui aigrit le frère contre le frère, le mari contre la femme, la belle-fille contre sa belle-mère, le gendre contre son beau-père ? Combien de ménages bien d’accord, qu’une seule mauvaise langue a mis sens dessus dessous, qui ne peuvent ni se voir, ni se parler. Qui en est la cause ? La seule mauvaise langue du voisin ou de la voisine…

Oui, mes frères, la langue d’un médisant empoisonne toutes les bonnes actions et met à jour toutes les mauvaises. C’est elle qui, tant de fois, répand sur toute une famille des taches, qui passent des pères aux enfants, d’une génération à une autre, et qui, peut-être, ne s’effaceront jamais. La langue médisante va même fouiller jusque dans le tombeau des morts, elle remue les cendres de ses pauvres malheureux, en faisant revivre, c’est-à-dire en renouvelant, leurs défauts qui étaient ensevelis avec eux dans le tombeau. Quelle noirceur ! Mes frères, de quelle indignation ne seriez-vous pas pénétrés, si vous voyiez un malheureux acharné contre un cadavre, le déchirer en mille pièces ? Cela vous ferait gémir de compassion. Eh bien ! Le crime est encore bien plus grand d’aller renouveler les fautes d’un pauvre mort. Combien de personnes, qui ont cette habitude en parlant de quelqu’un qui sera mort : « Ah ! Il en a bien fait en son temps, c’était un ivrogne accompli, un adroit fini, enfin, c’était un mauvais vivant. » Hélas ! Mon ami, peut-être que vous vous trompez, et quand serait tel que vous le dîtes, peut-être qu’il est maintenant dans le ciel, le bon Dieu l’a pardonné. Mais où est votre charité ?

22 septembre 2013

PAS COMME LES AUTRES

 

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« Je ne suis pas comme les autres. »                                   

Tel est, mes frères, le langage ordinaire de la fausse vertu et celui de l’orgueilleux qui, toujours content de lui-même, est toujours prêt à censurer et à critiquer la conduite des autres. Tel est encore le langage des riches qui regardent les pauvres comme s’ils étaient d’une nature différente de la leur, et les traitent en conséquence. Disons mieux, mes frères, c’est le langage de presque tout le monde. Il y en a très peu, même dans les conditions les plus basses, qui n’aient pas bonne opinion d’eux-mêmes, en se mettant entièrement au-dessus de leurs égaux, et qui ne portent leur détestable orgueil jusqu’à croire qu’ils valent mieux que beaucoup d’autres. D’où je conclus que l’orgueil est la source de tous les vices, et la cause de tous les maux qui sont arrivés et qui arriveront dans la suite des siècles. Nous portons même notre aveuglement si loin que, souvent, nous nous glorifions de ce qui devrait nous couvrir de confusion. Les uns tirent leur orgueil de ce qu’ils croient avoir plus d’esprit. Les autres, à cause de quelques pouces de terre ou de quelque argent, tandis qu’ils devraient trembler sur le compte redoutable que Dieu leur en demandera un jour. Oh ! Mes frères, qu’il en est qui ont besoin de faire cette prière que Saint Augustin faisait à Dieu : « Mon Dieu, faites-moi connaître ce que je suis, et je n’ai pas besoin d’autre chose pour me couvrir de confusion et de mépris de moi-même. »

Nous pouvons même dire que ce péché se trouve partout, accompagne l’homme dans ce qu’il fait et dit. C’est une espèce d’assaisonnement qui trouve partout sa place. Ecoutez-moi un instant et vous allez le voir. Jésus Christ nous en donne un exemple dans l’Evangile, en disant qu’un pharisien, étant allé dans le Temple pour y faire sa prière, se tenait debout en présence de tout le monde, disant à haute voix : «  Je vous rends grâce, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, couvert de péchés. Je passe ma vie à faire le bien et à vous plaire. » Voilà le véritable caractère d’un orgueilleux : au lieu de remercier Dieu de ce qu’il a été si bon de se servir de lui pour le bien, de lui rendre grâce, il regarde tout cela comme venant de lui-même et non de Dieu. Entrons dans quelques détails, et vous verrez que presque personne n’en est excepté. Les vieillards comme les jeunes gens, les pauvres comme les riches. Chacun se loue et se flatte de ce qu’il est ou de ce qu’il fait, ou plutôt de ce qu’il n’est pas et de ce qu’il n’a pas fait. Chacun s’applaudit et aime à être applaudi. Chacun court mendier les louanges des hommes, et chacun travaille à se les attirer. Ainsi se passe la vie de la plus grande partie des gens.

La porte par laquelle l’orgueil entre avec le plus d’abondance, c’est la porte des richesses. Dès qu’une personne augmente ses biens, vous la voyez changer de manière de vivre. Elle fait, comme nous dit Jésus Christ des pharisiens : Ces gens aiment qu’on les appelle maîtres, qu’on les salue. Ils veulent les premières places. Ils commencent à paraître vêtus plus richement. Ils quittent cet air de simplicité. Si on les salue, à peine vous branleront-ils la tête, sans lever leur chapeau. Marchant la tête levée, ils s’étudieront à chercher les plus beaux mots, dont souvent ils ne connaissent même pas la signification ; ils aiment à les répéter. Cet homme vous cassera la tête des héritages qu’il aura reçus, pour montrer que sa fortune s’est augmentée. Tous ses soins sont de travailler à se faire estimer et louer. Aura-t-il réussi dans quelque ouvrage ? Il s’empresse de le publier pour étaler son prétendu savoir. A-t-il dit quelque chose dont il aura été applaudi, il ne cesse d’en casser les oreilles à ceux qui sont autour de lui, jusqu’à les ennuyer et à se faire moquer de lui. A-t-on fait quelque voyage ? Vous entendez ces orgueilleux en dire cent fois plus qu’ils n’en ont dit ou fait : ce qui fait compassion à ceux qui les entendent. Ils croient se faire passer pour avoir de l’esprit, tandis qu’on les méprise intérieurement. L’on ne peut s’empêcher de se dire en soi-même : voilà un fameux orgueilleux, il se persuade qu’on croit tout ce qu’il dit !...

Voyez une personne d’état examinant l’ouvrage d’un autre ; elle y trouvera mille défauts, en disant : « Ah ! Que voulez-vous ? Il n’en sait pas davantage ! » Mais comme l’orgueilleux n’abaisse jamais les autres sans s’élever lui-même, alors elle s’empressera de parler de quelque ouvrage qu’elle a fait, qu’un tel a trouvé si bien fait, qu’il en a parlé à plusieurs.

Une jeune fille aura-t-elle une bonne tournure ? Du moins croit-elle l’avoir ? Vous la voyez marcher à pas comptés, avec affectation, avec un orgueil qui semble monter jusqu’aux nues. A-t-elle des chemises ? Des robes ? Elle laissera son armoire ouverte pour les faire voir. On tire orgueil de ses bêtes et de son ménage. On tire orgueil de bien savoir se confesser, de bien prier le bon Dieu, d’être plus modeste à l’église. Une mère tire orgueil de ses enfants. Un habitant de ce que ses terres sont en meilleur état que celles des autres, qu’il condamne ; et il s’applaudit de son savoir. Un jeune homme a-t-il une montre dans son gousset, et peut-être même souvent, n’a-t-il que la chaîne avec cinq sols dans sa poche ? Vous l’entendez dire : « Je ne sais pas si c’est bien tard… », afin qu’on lui dise de regarder à sa montre, pour qu’on sache qu’il en a une. Si l’on joue, pour essayer de gagner, n’aurait-il que deux sous à donner, il prendra dans sa main tout ce qu’il a, et même ce qui souvent n’est pas à lui. Ou bien il dira plus qu’il n’a en réalité. Combien en est-il qui empruntent, pour aller dans ces parties de plaisir, des habillements ou de l’argent !

Non, mes frères, il n’y a rien de si ridicule et de si sot que d’être toujours après parler de ce que l’on a, de ce que l’on a fait. Ecoutez un père de famille, quand ses enfants sont en état de se marier ; dans toutes les compagnies où il se trouve, on l’entend dire : « J’ai tant de mille francs de prêtés, mon bien me rend tant. » Et ensuite, demandez-lui cinq sols pour les pauvres, il n’a rien. Une tailleuse ou un tailleur auront-ils bien réussi à faire une robe ou un habit, s’ils se trouvent de voir passer les personnes qui en sont revêtues : « Voilà qui va bien, je ne sais pas qui l’a fait ? » « Eh bien ! C’est moi, diront-ils. » Et pourquoi ont-ils dit cela ? C’est afin de faire voir qu’ils sont bien habiles. Mais s’ils n’ont pas bien réussi, ils se garderont bien d’en parler, crainte d’être humiliés. Les femmes dans leur ménage… Et moi je vous dirai que ce péché est encore plus à craindre dans les personnes qui semblent faire profession de piété.

 

 

 

22 septembre 2013

NOUS SOMMES FAMEUSEMENT AVEUGMES

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Il faut que nous soyons fameusement aveugles ; puisque tout bien examiné, pas un ne pourrait dire qu’il est prêt à paraître devant Jésus Christ, et que, malgré cette sûreté que nous ne sommes pas prêts, pas un d’entre nous ne fera un pas de plus vers le bon Dieu. O mon Dieu ! Que le pécheur est aveugle ! Hélas ! Que son sort est déplorable ! Non, non, mes frères, ne vivons plus comme des insensés, puisque dans le moment où nous y penserons le moins, Jésus Christ frappera à notre porte. Heureux celui qui n’aura pas attendu ce moment pour s’y préparer ! Ce que je vous souhaite.

 

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21 septembre 2013

ILS SONT POUR LE MONDE

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Une partie, et peut-être la plus grande partie, sont tout pour le monde. Et, de ce nombre, sont ceux qui sont contents d’avoir étouffé tout sentiment de religion, toute pensée de l’autre vie, qui ont fait tout ce qu’ils ont pu pour effacer la pensée terrible du jugement qu’ils auront à subir un jour. Ils emploient toute leur science et souvent leurs richesses pour attirer autant de personnes qu’ils peuvent dans leur route. Ils ne croient plus à rien. Ils se font même gloire d’être plus impies et plus incrédules qu’ils ne le sont en réalité, pour mieux convaincre les autres, et leur faire croire, je ne dis pas les vérités, mais les faussetés qu’ils voudraient faire naître dans leur cœur. Comme Voltaire, qui, un jour, dans un dîner donné à ses amis, c’est-à-dire à des impies, se réjouissait de ce que, de tous ceux qui étaient là, pas un ne croyait à la religion. Et cependant, lui-même y croyait, comme il le montra bien à l’heure de sa mort. Alors, il demanda avec empressement un prêtre pour pouvoir se réconcilier avec le bon Dieu. Mais c’était trop tard pour lui. Le bon Dieu, contre qui il s’était déchaîné avec tant de fureur, lui avait fait comme à Antiochus : il l’avait abandonné à la fureur des démons. Voltaire n’eut dans ce terrible moment que le désespoir et l’enfer pour partage. « L’impie, nous dit le Saint Esprit, dit en lui-même qu’il n’y a point de Dieu », mais ce n’est que la corruption de son cœur qui le peut porter à un tel excès, il ne le croit pas dans le fond de son âme. Ce mot « il y a un Dieu » ne s’effacera jamais. Le plus grand pécheur le prononcera souvent, même sans y penser. Mais laissons ces impies de côté. Heureusement, quoique vous ne soyez pas aussi bon chrétiens que vous devriez l’être, grâce à Dieu, vous n’êtes pas encore de ce nombre.

Mais, me direz-vous, qui sont ceux qui sont tantôt à Dieu, tantôt au monde ? Mes frères, le voici. Je les compare (si j’ose me servir de ce terme) à ces chiens qui se donnent au premier qui les appelle. Suivez-les du matin jusqu’au soir, du commencement de l’année jusqu’à la fin. Ces gens-là ne regardent le dimanche que comme un jour de repos et de plaisir. Ils restent plus longtemps au lit que les jours de la semaine et, au lieu de donner leur cœur au bon Dieu, ils n’y pensent pas même. Ils penseront, les uns à leur plaisir, aux personnes qu’ils verront ; les autres, aux marchés qu’ils feront ou à l’argent qu’ils iront porter ou recevoir. A peine font-ils un signe de croix, tant bien que mal. Sous prétexte qu’ils iront à l’église, ils ne feront point de prières en se disant : « Oh ! J’ai bien le temps de la faire avant la messe. » Ils ont toujours à faire avant de partir à la messe. Ils ont cru du reste qu’ils auraient le temps de faire leur prière et ils ne sont pas seulement au commencement de la sainte messe. S’ils trouvent un ami en chemin, ils ne font point de difficulté de le mener chez eux et de laisser la messe pour une autre fois. Cependant, comme ils veulent encore paraître chrétiens aux yeux du monde, ils y vont encore quelquefois. Mais c’est avec un ennui et un dégoût mortels. Voilà la pensée qui les occupe : « Mon Dieu, quand est-ce que cela sera fini ? » Vous les voyez à l’église, surtout pendant l’instruction, tourner la tête d’un côté et d’un autre, demander à leur voisin quelle heure il est. D’autres baillent et s’étendent, tournent les feuillets de leur livre, comme pour examiner si le libraire y a fait quelques fautes. D’autres, vous les voyez dormir comme dans un bon lit. La première pensée qui se présente à eux, ce n’est pas d’avoir profané un lieu si saint mais : « Mon Dieu, cela ne finira plus ! … Jamais, je ne reviens… » Et enfin, d’autres à qui la parole de Dieu (qui a tant converti de pécheurs), donne mal au cœur. Ils sont obligés de sortir, disent-ils, pour respirer un peu l’air, pour ne pas mourir. Vous les voyez tristes, peinés pendant les saints offices. Mais lorsque l’office est fini (et même souvent, le prêtre n’est pas encore descendu de l’autel, qu’ils se pressent à la porte à qui sortira le premier), vous voyez alors renaître cette joie qu’ils avaient perdue à l’office. Ils sont si fatigués que souvent, ils n’ont pas le courage de revenir à vêpres. Si on leur demande pourquoi ils ne vont pas à vêpres : « Ah ! vous disent-ils, il faudrait être toute la journée à l’église ; nous avons autre chose à faire ! » Pour ces personnes-là, il n’est question ni de catéchisme, ni de chapelet ni de prière du soir. Tout cela est regardé par elles comme des riens. Si on leur demande ce que l’on a dit à l’instruction : « Ah ! vous répondront-ils, il a assez crié !... Il nous a assez ennuyés !... Je ne m’en rappelle pas seulement !... Si ce n’était pas si long, on retiendrait bien mieux. Voilà ce qui dégoûte le monde d’aller aux offices : c’est parce que c’est trop long… » Vous avez raison de dire : le monde, parce que ces gens-là sont du nombre de ceux qui sont du monde, sans bien le savoir. Mais, allons, nous tâcherons de leur mieux faire comprendre (du moins, s’ils le veulent). Mais étant sourds et aveugles (comme ils le sont), il est bien difficile de leur faire entendre les paroles de vie, et étant aveugles, il sera encore mal aisé de leur faire comprendre leur état malheureux. D’abord, chez eux, il n’est plus question de dire le Bénédicité avant le repas, ni leur action de grâces après, ni leur Angélus. Si, par une ancienne habitude, ils le font, si vous en êtes témoin, cela vous fait mal au cœur : les femmes le font en travaillant, en criant après leurs enfants ou leurs domestiques ; les hommes le font en tournant leur chapeau ou leur bonnet entre les mains, comme pour examiner s’ils ont des trous. Ils pensent autant au bon Dieu, que s’ils croyaient véritablement qu’il n’y en ait point, et que c’est pour rire qu’ils font cela. Ils ne se font point scrupule de vendre ou d’acheter le saint jour du dimanche, quoiqu’ils sachent très bien (ou du moins ils doivent savoir) qu’un marché un peu gros fait le dimanche, sans nécessité, est un péché mortel. Ces gens-là regardent toutes ces choses comme des riens. Ils iront dans une paroisse, en ces saints jours, pour affermer les domestiques. Si on leur dit qu’ils font mal : « Ah ! vous disent-ils, il faut bien y aller quand on peut les trouver. » Ils ne font point difficulté d’aller payer leurs impôts le dimanche, parce que dans la semaine, il faudrait aller un peu plus loin, et prendre quelques moments de plus.

Ah ! Me direz-vous, nous ne faisons pas attention à tout cela.  

Vous ne faites pas attention à tout cela, mon ami, je n’en suis pas étonné, c’est que vous êtes du monde. Vous voudriez être à Dieu et contenter le monde. Savez-vous, mes frères, ce que sont ces personnes ? Ce sont des personnes qui n’ont pas encore entièrement perdu la foi, et à qui il reste encore quelque attachement au service de Dieu, qui ne voudraient pas tout abandonner, car elles blâment elles-mêmes ceux qui ne fréquentent plus les offices ; mais elles n’ont pas assez de courage pour rompre avec le monde, et pour se tourner du côté du bon Dieu. Ces gens-là ne voudraient pas se damner, mais ils ne voudraient pas non plus se gêner. Ils espèrent pouvoir se sauver, sans tant se faire de violences. Ils ont la pensée que le bon Dieu étant si bon, ne les a pas crées pour les perdre, qu’il les pardonnera bien tout de même, qu’un temps viendra où ils se donneront au bon Dieu, qu’ils se corrigeront, qu’ils quitteront leurs mauvaises habitudes. Si, dans quelques moments de réflexion, ils se mettent leur pauvre vie un petit peu devant les yeux, ils en gémissent, et quelquefois même, ils en verseront des larmes…

Hélas ! Mes frères, quelle triste vie mènent ceux qui voudraient être au monde sans cesser d’être à Dieu ! Allons un peu plus loin et vous allez encore mieux comprendre, vous allez voir combien leur vie même est ridicule. Un moment vous les entendrez prier le bon Dieu ou faire un acte de contrition, et un autre moment, vous les entendrez jurer, peut-être même le Saint nom de Dieu, si quelque chose ne va pas comme ils veulent. Ce matin, vous les avez vus à la sainte messe chanter ou entendre les louanges de Dieu et, dans le même jour, vous les voyez tenir les propos les plus infâmes. Les mêmes mains qui ont pris de l’eau bénite, en demandant à Dieu de les purifier de leurs péchés, un instant après, les mêmes mains sont employées à faire des attouchements sales sur eux ou peut-être même sur d’autres. Les mêmes yeux, qui, ce matin, ont eu le grand bonheur de contempler Jésus Christ lui-même dans la sainte hostie, dans le courant du jour, se porteront volontairement sur les objets les plus déshonnêtes, et cela, avec plaisir. Hier, vous avez vu cet homme faire la charité à son prochain, ou lui rendre service. Aujourd’hui, il tâchera de le tromper, s’il peut y trouver son profit. Il n’y a qu’un moment que cette mère souhaitait toutes sortes de bénédictions à ses enfants, et maintenant qu’ils l’ont contrariée, elle les accable de toutes sortes de malheurs : elle ne voudrait jamais les avoir vus, elle voudrait être aussi loin d’eux qu’elle en est près, elle finit par les donner au démon, afin de s’en débarrasser ! Un moment, elle envoie ses enfants à la sainte messe ou se confesser. Un autre, elle les enverra à la danse, ou du moins, elle fera semblant de ne pas le savoir, ou elle le leur défendra en riant, ce qui veut dire : « Pars ! ». Une fois, elle dira à sa fille d’être bien réservée, de ne pas fréquenter les mauvaises compagnies et, une autre fois, elle la voit passer des heures entières avec des jeunes gens, sans rien lui dire. Allez, ma pauvre mère, vous êtes du monde. Vous croyez être à Dieu, par quelque extérieur de religion que vous pratiquez. Vous vous trompez : vous êtes du nombre de ceux à qui Jésus Christ a dit : « Malheur au monde. » Voyez ces gens qui croient être à Dieu et qui sont au monde : ils ne se font pas scrupule de prendre à leur voisin, tantôt du bois, tantôt quelques fruits et mille autres choses. Tant qu’ils sont flattés dans leurs actions, qu’ils font pour ce qui regarde la religion, ils ont même bien du plaisir à le faire, ils montrent beaucoup d’empressement, ils sont bons pour donner des conseils aux autres. Mais, sont-ils méprisés ou calomniés, alors vous les voyez se décourager, se tourmenter parce qu’on les traite de cette manière. Hier, ils ne voulaient que du bien à ceux qui leur font du mal, et aujourd’hui, ils ne peuvent plus les souffrir, ni souvent même les voir ni leur parler.

Pauvre monde ! Que vous êtes malheureux, allez votre train ordinaire, allez, vous ne pouvez espérer que l’enfer ! Les uns voudraient même fréquenter les sacrements, au moins une fois l’année. Mais, pour cela, il faudrait un confesseur bien facile. Ils voudraient seulement… et voilà tout. Si le confesseur ne les voit pas assez bien disposés et qu’il leur refuse l’absolution, les voilà qui se déchaînent contre lui, en disant tout ce qui pourra les justifier de ce qu’ils n’ont pas achevé leur confession. Ils en diront du mal. Ils savent bien pourquoi ils restent en chemin. Mais comme ils savent aussi que le confesseur ne peut rien leur accorder, alors ils se contentent en disant tout ce qu’ils veulent. Allez, monde, allez votre train ordinaire, vous verrez un jour ce que vous n’avez pas voulu voir. Il faudrait donc que nous puissions partager notre cœur en deux ! Mais non, mon ami, ou tout à Dieu ou tout au monde. Vous voulez fréquenter les sacrements ? Eh bien ! Laissez les jeux, les danses et les cabarets. D’ailleurs vous avez bien bonne grâce de venir aujourd’hui vous présenter au tribunal de la pénitence, vous asseoir à la table sainte manger le pain des anges. Dans trois ou quatre semaines, peut-être moins, l’on vous verra passer la nuit parmi les ivrognes qui regorgent de vin, et encore bien plus, faire les actes les plus infâmes de l’impureté. Allez, monde, allez ! Vous serez bientôt en enfer. On vous y apprendra ce que vous deviez faire pour aller au ciel que vous avez perdu bien par votre faute…

Malheur au monde ! Allez, monde, suivez votre maître comme vous l’avez fait jusqu’à présent. Vous voyez très bien que vous vous êtes trompés en suivant le monde. Eh bien ! Mes frères, en serez-vous plus sages ? Non, mes frères, non. Si une personne nous trompe une fois, nous dirons : « Nous ne nous fions plus à elle ; et nous avons bien raison. » Le monde nous trompe continuellement, et cependant, nous l’aimons. « Gardez-vous bien, nous dit Saint Jean, d’aimer le monde et de vous attacher à quoi que ce soit dans le monde. » « C’est en vain, nous dit le Prophète, que nous porterions la lumière à cette sorte de gens. Ils ont été trompés et ils le seront encore. Ils n’ouvriront les yeux que dans le temps, où ils n’auront plus d’espérance de revenir à Dieu. » Ah ! Mes frères, si nous faisions bien réflexion sur ce que c’est que le monde, nous passerions notre vie à recevoir ses adieux et à lui faire les nôtres. A l’âge de quinze ans, nous avons dit adieu aux amusements de l’enfance, nous avons regardé comme des niaiseries que de courir après les mouches, comme font les enfants qui leur bâtissent des maisons de cartes ou de boue. A trente ans, vous avez commencé à dire adieu aux plaisirs bruyants d’une jeunesse fougueuse. Ce qui vous plaisait si fort dans ce temps-là, commence déjà à vous ennuyer. Disons mieux, mes frères, chaque jour, nous disons adieu au monde. Nous faisons comme un voyageur qui jouit de la beauté des pays où il a passé. A peine les voit-il, qu’il faut déjà les quitter. Il en est de même des biens et des plaisirs auxquels nous avons tant d’attache. Enfin, nous arrivons au bord de l’éternité, qui engloutît tout dans ses abîmes. Ah ! C’est alors, mes frères, que le monde va disparaître pour toujours à nos yeux, et que nous reconnaîtrons notre folie de nous y être attachés. Et tout ce que l’on nous a dit du péché !... Tout cela était donc bien vrai, dirons-nous. Hélas ! Je n’ai vécu que pour le monde, je n’ai cherché que le monde dans tout ce que j’ai fait, et les biens et les plaisirs du monde ne sont plus rien pour moi ! Tout m’échappe des mains : ce monde que j’ai tant aimé, ces biens et ces plaisirs, qui ont tant occupé mon cœur et mon esprit !... Il faut maintenant que je retourne vers mon Dieu !... Ah ! Mes frères, que cette pensée est consolante, pour celui qui n’a cherché que Dieu seul pendant sa vie ! Mais qu’elle est désespérante pour celui qui a perdu de vue son Dieu et le salut de son âme.

21 septembre 2013

NE SUIVEZ QU’UN MAITRE

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Ah ! Mon Dieu, quelle triste vie mène celui qui veut plaire au monde et au bon Dieu ! Non, mon ami, vous vous trompez. Outre que vous vivrez toujours malheureux, vous ne viendrez jamais à bout de plaire au monde et au bon Dieu. Cela vous est aussi impossible que de mettre fin à l’éternité. Voici le conseil que j’ai à vous donner, et vous serez moins malheureux : ou donnez-vous tout a bon Dieu, ou tout au monde. Ne cherchez, et ne suivez qu’un maître, et une fois à sa suite, ne le quittez pas. Vous ne vous rappelez donc pas de ce que Jésus Christ vous dit dans l’Evangile ? Vous ne pouvez servir Dieu et le monde, c’est-à-dire que vous ne pouvez pas suivre le monde avec ses plaisirs, et Jésus Christ avec sa croix. N’est-ce pas que vous avez bonne grâce d’être tantôt à Dieu et tantôt au monde ! Parlons plus clairement : il faudrait que votre conscience, que votre cœur vous permît d’être le matin à la table sainte et le soir, à la danse ; une partie du jour à l’église et le reste dans les cabarets ou dans les jeux ; un moment parler du bon Dieu, et un autre moment dire des saletés, ou bien des calomnies contre le prochain ; une fois, faire du bien à votre voisin, et un autre moment lui faire du tort ; c’est-à-dire, qu’avec les bons, vous ferez le bien, parlerez du bon Dieu, avec les méchants, vous ferez le mal.

21 septembre 2013

ON AIME LE MONDE ET RIEN LE BON DIEU

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Ah ! Mes frères, si l’on faisait pour le bon Dieu ce que l’on fait pour le monde, que de chrétiens iraient au ciel ! Hélas ! Mes frères, s’il vous fallait passer des trois ou quatre heures dans une église à prier, comme vous les passez dans une danse ou dans un cabaret, que le temps vous durerait !... S’il fallait faire plusieurs lieues pour entendre un sermon, comme on le fait pour ses plaisirs ou bien pour contenter son avarice, hélas ! Mes frères, que de prétextes, que de détours, on prendrait pour ne pas y aller ! Mais, pour le monde,  rien ne coûte. Bien plus, l’on ne craint de perdre ni son Dieu, ni son âme, ni le ciel. Oh ! Mes frères, que Jésus Christ avait donc bien raison lorsqu’il disait que les enfants du siècle avaient bien plus de zèle pour servir leur maître qui est le monde, que les enfants de lumière n’en ont pour servir leur maître qui est le Seigneur. Hélas ! Mes frères, disons-le à notre honte, l’on ne craint ni dépenses ni même de faire des dettes quand il s’agit de ses plaisirs ; mais si un pauvre leur demande, ils n’ont rien. Voilà ce que c’est, l’on a tout pour le monde et rien pour le bon Dieu, parce que l’on aime le monde et rien le bon Dieu.

21 septembre 2013

L'ON SUIT SES ROUTINES

L’ON SUIT SES ROUTINES

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O mon Dieu ! Quel aveuglement ! Ah ! Maudit péché d’hypocrisie, que tu traînes d’âmes en enfer, avec des actions qui, si elles étaient bien faites, les conduiraient droit au ciel ! Hélas ! Une bonne partie des chrétiens ne se connaissent pas et ne cherchent pas même à se connaître. L’on suit ses routines, ses habitudes, et l’on ne veut pas entendre raison. On est aveugle, et l’on marche en aveugle. Si un prêtre veut leur faire connaître leur état, ils ne vous écoutent pas ou, s’ils font semblant de vous écouter, ils n’en font rien pour cela. Voilà, mes frères, l’état le plus malheureux que l’on puisse imaginer, et, peut-être, le plus dangereux.

 

 

21 septembre 2013

NOUS SOMMES DES MISERABLES

NOUS SOMMES DES MISERABLES

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Non, mes frères, nous ne pouvons considérer la conduite des Juifs sans être saisis d’étonnement. Ce peuple même l’attendait depuis quatre mille ans, il avait tant prié par le désir qu’il avait de le recevoir ; et lorsqu’il vient, il ne se trouve personne pour lui prêter un petit logement : il lui faut, tout puissant et tout Dieu qu’il est, emprunter à des animaux une demeure. Cependant, mes frères, je trouve dans la conduite des Juifs toute criminelle qu’elle est, non un sujet d’excuses pour ce peuple, mais un motif de condamnation pour la plupart des chrétiens. Nous voyons que les Juifs s’étaient formés une idée de leur libérateur qui ne s’accordait pas avec l’état d’humiliation où il parut. Ils semblaient ne pas pouvoir se persuader qu’il fût celui qui devait être leur libérateur : puisque Saint Paul nous dit très bien que si les Juifs l’avaient connu pour Dieu, ils ne l’auraient jamais fait mourir. Voilà une petite excuse pour les Juifs. Mais pour nous, mes frères, quelle excuse pouvons-nous avoir dans notre froideur et notre mépris pour Jésus Christ ? Oui, sans doute, mes frères, nous croyons véritablement que Jésus Christ a paru sur la terre, qu’il a donné les preuves les plus convaincantes de sa divinité. Voilà ce qui fait l’objet de notre solennité. Ce même Dieu veut prendre par l’effusion de sa grâce une naissance spirituelle dans nos cœurs. Voilà les motifs de notre confiance. Nous nous glorifions, et nous avons bien raison de reconnaître Jésus Christ pour notre Dieu, notre Sauveur et notre modèle. Voilà le fonctionnement de notre foi. Mais, dites-moi, avec tout cela quel hommage lui rendons-nous ? Que faisons-nous de plus pour lui  que si nous ne croyions pas tout cela ? Dites-moi, mes frères, notre conduite répond-elle à notre croyance ? Nous sommes des misérables. Nous sommes encore plus coupables que les Juifs.

 

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Notre Dame Miraculeuse des Roses
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