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Notre Dame Miraculeuse des Roses
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25 mars 2012

QUATRIEME MYSTERE GLORIEUX DU ROSAIRE: L'ASSOMPTION DE MARIE

L’ASSOMPTION DE MARIE AU CIEL

(Tiré du 10ème Volume de

« L’Evangile tel qu’il m’a été révélé)

 

 

Combien de jours sont-ils passés ? Il est difficile de l’établir sûrement. Si on en juge par les fleurs qui font une couronne autour du corps inanimé, on devrait dire qu’il est passé quelques heures. Mais si on juge d’après le feuillage d’olivier sur lequel sont posées les fleurs fraîches, et dont les feuilles sont déjà fanées, et d’après les autres fleurs flétries, mises comme autant de reliques sur le couvercle du coffre, on doit conclure qu’il est passé déjà des journées.

Mais le corps de Marie est tel qu’il était quand elle venait d’expirer. Il n’y a aucun signe de mort sur son visage, sur ses petites mains. Il n’y a dans la pièce aucune odeur désagréable. Au contraire, il y flotte un parfum indéfinissable qui rappelle l’encens, les lis, les roses, le muguet, les plantes de montagne, mélangés.

Jean, qui sait depuis combien de jours il veille, s’est endormi, vaincu par la lassitude. Il est toujours assis sur le tabouret, le dos appuyé au mur, près de la porte ouverte qui donne sur la terrasse. La lumière de la lanterne, posée sur le sol, l’éclaire par en dessous et permet de voir son visage, fatigué, très pâle, sauf autour des yeux rougis par les pleurs.

L’aube doit maintenant être commencée car sa faible clarté permet de voir la terrasse et les oliviers qui entourent la maison. Cette clarté se fait toujours plus forte et, pénétrant par la porte, elle rend plus distincts les objets même de la chambre, ceux qui, étant éloignés de la lampe, pouvaient à peine être entrevus.

Tout d’un coup, une grande lumière remplit la pièce, une lumière argentée, nuancée d’azur, presque phosphorique, et qui croît de plus en plus, qui fait disparaître celle de l’aube et de la lampe. C’est une lumière pareille à celle qui inonda la Grotte de Bethléem au moment de la Nativité Divine. Puis, dans cette lumière paradisiaque, deviennent visibles des créatures angéliques, lumière encore plus splendide dans la lumière déjà si puissante apparue d’abord. Comme il était déjà arrivé quand les anges apparurent aux bergers, une danse d’étincelles de toutes couleurs se dégage de leurs ailes doucement mises en mouvement, d’où il vient une sorte de murmure harmonieux, arpégé, très doux.

Les créatures angéliques forment une couronne autour du petit lit, se penchent sur lui, soulèvent le corps immobile et, en agitant plus fortement leurs ailes, ce qui augmente le son qui existait d’abord, par un vide qui s’est par prodige ouvert dans le toit, comme par prodige s’était ouvert le Tombeau de Jésus, elles s’en vont, emportant avec eux le corps de leur Reine, son Corps très Saint, c’est vrai mais pas encore glorifié et encore soumis aux lois de la matière, soumission à laquelle n’était plus soumis le Christ parce qu’il était déjà glorifié quand il ressuscita. Le son produit par les ailes angéliques est maintenant puissant comme celui d’un orgue.

Jean, qui tout en restant endormi s’était déjà remué deux ou trois fois sur son tabouret, comme s’il était troublé par la grande lumière et par le son des voix angéliques, est complètement réveillé par ce son puissant et par un fort courant d’air qui, descendant par le toit découvert et sortant par la pote ouverte, forme une sorte de tourbillon qui agite les couvertures du lit désormais vide et les vêtements de Jean, et qui éteint la lampe et ferme violemment la porte ouverte.

L’apôtre regarde autour de lui, encore à moitié endormi, pour se rendre compte de ce qui arrive. Il s’aperçoit que le lit est vide et que le toit est découvert. Il se rend compte qu’il est arrivé un prodige. Il court dehors sur la terrasse et, comme par un instinct spirituel ou un appel céleste, il lève la tête, en protégeant ses yeux avec sa main pour regarder, sans avoir la vue gênée par le soleil qui se lève.

Et il voit. Il voit le corps de Marie, encore privé de vie et qui est en tout pareil à celui d’une personne qui dort, qui monte de plus en plus haut, soutenu par une troupe angélique. Comme pour un dernier adieu, un pan du manteau et du voile s’agitent, peut-être par l’action du vent produit par l’assomption rapide et le mouvement des ailes angéliques. Des fleurs, celles que Jean avait disposées et renouvelées autour du corps de Marie,  et certainement restées dans les plis des vêtements, pleuvent sur la terrasse et sur le domaine de Gethsémani, pendant que l’hosanna puissant de la troupe angélique se fait toujours plus lointain et donc plus léger.

Jean continue à fixer ce corps qui monte vers le Ciel et, certainement par un prodige qui lui est accordé par Dieu, pour le consoler et le récompenser de son amour pour sa Mère adoptive, il voit distinctement que Marie, enveloppée maintenant par les rayons du soleil qui s’est levé, sort de l’extase qui a séparé son âme de son corps, redevient vivante, se dresse debout, car maintenant elle aussi jouit des dons propres aux corps déjà glorifiés.

Jean regarde, regarde. Le miracle que Dieu lui accorde lui donne de pouvoir, contre toutes les lois naturelles, voir Marie qui maintenant qu’elle monte rapidement vers le Ciel est entourée sans qu’on l’aide à monter, par les anges qui chantent des hosannas. Jean est ravi par cette vision de beauté qu’aucune plume d’homme, qu’aucune parole humaine, qu’aucune œuvre d’artiste ne pourra jamais décrire ou reproduire car c’est d’une beauté indescriptible.

Jean, en restant toujours appuyé au muret de la terrasse, continue de fixer cette splendide et resplendissante forme de Dieu, car réellement on peut parler ainsi de Marie, formée d’une manière unique par Dieu, qui l’a voulue Immaculée, pour qu’elle fût une forme pour le Verbe Incarné, qui monte toujours plus haut. Et c’est un dernier et suprême prodige que Dieu-Amour accorde à celui qui est son parfait aimant : celui de voir la rencontre de la Mère Très Sainte avec son Fils Très Saint qui, Lui aussi splendide et resplendissant, beau d’une beauté indescriptible, descend rapidement du Ciel, rejoint sa Mère et la serre sr son cœur et ensemble, plus brillants que deux astres, s’en vont là d’où Lui est venu.

La vision de Jean est finie. Il baisse la tête. Sur son visage fatigué, on peut voir à la fois la douleur de la perte de Marie et la joie de son glorieux sort. Mais désormais la joie dépasse la douleur.

Il dit : « Merci mon Dieu ! Merci ! J’avais pressenti que cela serait arrivé. Et je voulais pour ne perdre aucun détail de son Assomption. Mais cela faisait trois jours que je ne dormais pas ! Le sommeil, la lassitude, joints à la peine, m’ont abattu et vaincu justement quand l’Assomption était imminente…Mais peut-être c’est Toi qui l’as voulu, ô mon Dieu, pour ne pas troubler ce moment et pour que je n’en souffre pas trop…Oui, certainement c’est Toi qui l’as voulu, comme maintenant Tu voulais que je vois ce que sans un miracle, je n’aurais pu voir. Tu m’as accordé de la voir encore, bien que déjà si loin, déjà glorifiée et glorieuse, comme si elle avait été tout près. Et de revoir Jésus ! Oh ! vision bienheureuse, inespérée, inespérable ! Oh ! Don des dons de Jésus-Dieu à son Jean ! Grâce suprême ! Revoir mon Maître et Seigneur ! Le voir Lui près de sa Mère ! Lui semblable au soleil et elle à la lune, tous les deux d’une splendeur inouïe, à la fois parce que glorieux et pour leur bonheur d’être réunis pour toujours ! Que sera le Paradis maintenant que vous y resplendissez, Vous, astres majeurs de Jérusalem céleste ? Quelle est la joie des chœurs angéliques et des saints ? Elle est telle la joie que m’a donnée la vision de la Mère avec le Fils, une chose qui fait disparaître toute sa peine, toute leur peine, même, que la mienne aussi disparaît, et en moi la paix la remplace. Des trois miracles que j’avais demandés à Dieu, deux se sont accomplis. J’ai vu la vie revenir en Marie, et je sens que la paix est revenue en moi. Toute mon angoisse cesse je vous ai vus réunis dans la gloire. Merci pour cela, ô Dieu. Et merci pour m’avoir donné manière, même pour une créature très sainte, mais toujours humaine, de voir quel est le sort des saints, quelle sera après le jugement dernier, et la résurrection de la chair et leur réunion, leur fusion avec l’esprit, monté au Ciel à l’heure de la mort. Je n’avais pas besoin de voir pour croire, car j’ai toujours cru fermement à toutes les paroles du Maître. Mais beaucoup douteront qu’après des siècles et des millénaires, la chair, devenue poussière, puisse redevenir un corps vivant. A ceux-là, je pourrai dire, en le jurant sur les choses les plus élevées, que non seulement le Christ est redevenu vivant par sa propre puissance, mais que sa Mère aussi, trois jours après sa mort, si on peut appeler mort une telle mort, a repris vie et avec sa chair réunie à son corps elle a pris son éternelle demeure au Ciel à côté de son Fils. Je pourrai dire : « Croyez, vous tous chrétiens, à la résurrection de la chair à la fin des siècles, et à la vie éternelle des âmes et des corps, vie bienheureuse pour les saints, horrible pour les coupables impénitents. Croyez et vivez en saints, comme ont vécu en saints Jésus et Marie, pour avoir le même sort. J’ai vu leurs corps monter au Ciel. Je puis vous en rendre témoignage. Vivez en justes pour pouvoir un jour être dans le nouveau monde éternel, en âme et en corps, près de Jésus-Soleil et près de Mari, Etoile de toutes les Etoiles ». Merci encore, ô Dieu ! Et maintenant, recueillons ce qui reste d’Elle. Les fleurs tombées de ses vêtements, les feuillages des oliviers restés sur le lit et conservons-les. Tout servira…Oui, tout servira pour aider et consoler mes frères que j’ai en vain attendus. Tôt ou tard, je les retrouverai… ».

Il ramasse aussi les pétales des fleurs qui se sont effeuillées en tombant, et rentre dans la pièce en les gardant dans un pli de son vêtement. Il remarque alors avec plus d’attention l’ouverture du toit et s’écrie : « Un autre prodige ! Et une autre admirable proportion dans les prodiges de la vie de Jésus et de Marie ! Lui, Dieu, est ressuscité par Lui-même, et par sa seule volonté, il a renversé la pierre du Tombeau, et par sa puissance, il est monté au Ciel. Par Lui-même. Marie, toute Sainte, mais fille d’homme, c’est par l’aide des anges que lui fut ouvert le passage pour son Assomption au Ciel et c’est toujours avec l’aide des anges qu’elle est montée là-haut. Pour le Christ, l’esprit revint animer son Corps pendant qu’il était sur la terre car il devait en être ainsi pour faire taire ses ennemis et pour confirmer dans la foi tous ses fidèles. Pour Marie, son esprit est revenu quand son corps très saint était déjà sur le seuil du Paradis, parce que pour Elle, il ne fallait pas autre chose. Puissance parfaite de l’Infinie Sagesse de Dieu !... »

Jean ramasse maintenant dans un linge les fleurs et les feuillages restés sur le lit, y met ceux qu’il a ramassés dehors, et il les dépose tous sur le couvercle du coffre. Puis il l’ouvre et y place le coussinet de Marie, la couverture du lit. Il descend dans la cuisine, rassemble les autres objets dont elle se servait, le fuseau et la quenouille, sa vaisselle, et les met avec les autres choses.

Il ferme le coffre et s’assoit sur le tabouret en s’écriant : « Maintenant, tout est accompli aussi pour moi ! Maintenant, je puis m’en aller librement, là où l’Esprit de Dieu me conduira. Allez ! Semer la divine Parole que la Maître m’a donnée pour que je la donne aux hommes. Enseigner l’Amour. L’enseigner pour qu’ils croient dans l’Amour et sa puissance. Leur faire connaître ce qu’a fait le Dieu-Amour pour les hommes. Son Sacrifice et son Sacrement et Rite perpétuels, par lesquels, jusqu’à la fin des siècles, nous pourrons être unis à Jésus-Christ par l’Eucharistie et renouveler le Rite et le Sacrifice comme Lui a commandé de le faire. Tous dons de l’Amour Parfait ! Faire aimer l’Amour pour qu’ils croient en Lui, comme nous y avons cru et croyons. Semer l’Amour pour que soit abondante la moisson et la pêche pour le Seigneur. L’Amour obtient tout. Maire me l’a dit dans ses dernières paroles, à moi, qu’elle a justement défini, dans le Collège Apostolique, celui qui aime, l’aimant par excellence, l’opposé de l’Iscariote qui a été la haine, comme Pierre l’impétuosité, et André la douceur, les fils d’Alphée la sainteté et la sagesse unies à la noblesse des manières, et ainsi de suite. Moi, l’aimant, maintenant que je n’ai plus de Maître et sa Mère à aimer sur la terre, j’irai répandre l’Amour parmi les nations. L’Amour sera mon arme et ma doctrine. Et avec lui, je vaincrai le démon, le paganisme et je conquerrai beaucoup d’âmes. Je continuerai ainsi Jésus et Marie, qui ont été l’Amour parfait sur la terre ».

Marie dit :

« Ai-je été morte ? Oui, si on veut appeler mort la séparation d’avec le corps de la partie noble de l’esprit. Non, si par mort, on entend la séparation d’avec le corps de l’âme qui le vivifie, la corruption de la matière qui n’est plus vivifiée par l’âme, et d’abord le caractère lugubre du tombeau et, d’abord parmi toutes ces choses, la douleur de la mort.

Comment je suis morte ou plutôt comment je suis passée de la terre au Ciel, d’abord avec la partie immortelle puis avec celle qui est périssable ? Comme il était juste pour Celle qui n’a pas connu la tache de la faute.

Ce soir-là, on avait déjà commencé le repos de sabbat, je parlais avec Jean. De Jésus, de ses affaires. La soirée était pleine de paix. Le sabbat avait éteint tout bruit de travaux humains et l’heure éteignait  toute voix d’homme ou d’oiseau. Seuls autour de la maison, les oliviers bruissaient au vent du soir, et il semblait qu’un vol d’anges effleurait les murs de la maisonnette solitaire.

Nous parlions de Jésus, du Père, du Royaume des Cieux. Parler de la Charité et du Royaume de la Charité, c’est s’enflammer d’un feu vivant, consumer les liens de la matière afin de libérer l’esprit pour ses vols mystiques. Et si le feu est retenu dans les limites que Dieu met pour conserver les créatures sur la terre à son service, on peut vivre et brûler, en trouvant dans son ardeur  non pas un épuisement  mais un achèvement de vie. Mais quand Dieu enlève les limites  et laisse au Feu divin la liberté de pénétrer  et d’attirer à Lui l’esprit sans aucune mesure, alors l’esprit, à son tour en répondant sans mesure à l’Amour le pousse et l’invite. Et c’est la fin de l’exil et le retour à la Patrie.

Ce soir-là, à l’ardeur irrésistible, à la vitalité sans mesure de mon esprit, s’unit une douce langueur, un mystérieux sentiment d’éloignement de la matière, de ce qui l’entourait, comme si le corps s’endormait par lassitude alors que l’intellect, encore plus vivant dans son raisonnement, s’abîmait dans les divines splendeurs.

Jean, témoin affectueux et prudent de toute ma conduite depuis qu’il était devenu mon fils adoptif, selon la volonté de mon Unique, me persuada de me reposer sur mon lit et me veilla en priant. Le dernier son que j’entendis sur la terre ce fut le murmure des paroles de Jean, l’apôtre Vierge. Ce fut pour moi comme la berceuse d’une mère près d’un berceau. Elles accompagnèrent mon esprit dans la dernière extase, trop sublime pour être dite. Elles l’accompagnèrent jusqu’au Ciel.

Jean, unique témoin de ce suave mystère, m’arrangea seul, en m’enveloppant dans mon manteau blanc, sans changer le vêtement et le voile, sans me laver ni m’embaumer. L’esprit de Jean savait déjà que mon corps ne se serait pas corrompu et instruisit l’Apôtre de ce qu’il fallait faire. Et lui, chaste, affectueux, prudent à l’égard des mystères de Dieu et de ses compagnons éloignés, pensa qu’il fallait garder le secret et attendre les autres serviteurs de Dieu, pour qu’ils me voient encore et tirent de cette vue réconfort et aide pour les peines et les fatigues de leurs missions. Il attendit, comme s’il était sûr de leur venue.

Mais différent était le décret de Dieu, bon comme toujours pour le Préféré, juste comme toujours pour tous les croyants. Au premier Il alourdit ses paupières pour que le sommeil empêcha  le déchirement de se voir enlever aussi mon corps. Il a donné aux croyants une vérité de plus pour les porter à croire en la résurrection de la chair, à la récompense d’une vie éternelle et bienheureuse accordée aux justes, dans les vérités les plus puissantes et les plus douces du Nouveau Testament, mon Immaculée Conception, ma Divine Maternité Virginale, dans la Nature Divine et humaine de mon Fils, vrai Dieu et vrai Homme, né non par une volonté charnelle mais par des épousailles divines et une semence divine déposée dans mon sein, et enfin pour qu’ils croient qu’au Ciel se trouve mon Cœur de Mère des hommes, palpitant d’un amour anxieux pour tous, justes et pécheurs, désireux de vous avoir tous avec Lui, dans la Patrie bienheureuse, pour l’éternité.

Quand les anges m’enlevèrent de la maisonnette, mon esprit était-il déjà revenu en moi ? Non. Mon esprit ne devait plus redescendre sur la terre. Il était en adoration devant le Trône de Dieu. Mais quand la terre, l’exil, le temps et le lieu de la séparation d’avec mon Seigneur Un et Trin furent abandonnés pour toujours, mon esprit revint resplendir au centre de mon âme en tirant la chair de sa dormition. Il est donc juste de dire que je suis montée au Ciel en corps et en âme, non par mes propres moyens, comme il est arrivé pour Jésus, mais avec l’aide des anges. Je me suis réveillée de cette mystérieuse et mystique dormition, je me suis levée, j’ai volé enfin parce que ma chair avait obtenu la perfection des corps glorifiés. Et j’aimai. J’aimai mon Fils retrouvé et mon Seigneur Un et Trin, je l’aimai comme c’est le destin de tous les éternels vivants ».

Jésus dit :

« Quand fut venue sa dernière heure, comme un lis épuisé qui, après avoir exhalé tous ses parfums, se penche sous les étoiles et ferme son blanc calice, Marie, ma Mère, s’étendit sur son lit et ferma les yeux à tout ce qui l’entourait pour se recueillir dans une dernière et sereine contemplation de Dieu.

Penché sur son repos, l’ange de Marie attendait anxieusement que l’urgence de l’extase sépare de la chair cet esprit, au temps marqué par le décret de Dieu, et le sépare pour toujours de la terre pendant que déjà descendait des Cieux le doux et attrayant commandement de Dieu.

Penché, de son côté, sur ce mystérieux repos, Jean, ange de la terre, veillait aussi la Mère qui allait le quitter. Et quand il la vit éteinte, il la veilla encore pour qu’à l’abri des regards profanes et curieux, elle restât même au-delà de la mort l’Immaculée Epouse et Mère de Dieu qui dormait si belle et tranquille.

Une tradition dit que dans l’urne de Marie, rouverte par Thomas, on ne trouva que des fleurs. Pure légende. Aucun tombeau n’a englouti la dépouille de Marie car, au sens humain, il n’y a jamais eu de dépouille de Marie, car Marie n’est pas morte comme meurt quiconque a eu la vie.

Elle s’était seulement, par décret divin, séparée de l’esprit et avec lui, qui l’avait précédée, se réunit sa chair très sainte. Inversant les lois naturelles, selon lesquelles l’extase finit quand cesse le ravissement, c’est-à-dire quand l’esprit revient à l’état normal, ce fut le corps de Marie qui revint s’unir à l’esprit après le long arrêt sur le lit funèbre.

Tout est possible à Dieu. Je suis sorti du Tombeau sans d’autre aide que ma puissance. Marie est venue à moi, à Dieu, au Ciel, sans connaître le tombeau avec sa pourriture horrible et lugubre. C’est un des miracles les plus éclatants de Dieu. Pas unique, en vérité, si on se rappelle Hénoch et Elie qui, étant chers au Seigneur, furent enlevés à la terre sans connaître la mort et furent transportés autre part en un lieu connu de Dieu seul et des célestes habitants des Cieux. Ils étaient justes mais toujours un rien par rapport à ma Mère, inférieure, en sainteté, seulement à Dieu.

C’est pour cela qu’il n’y a pas de relique du corps et du tombeau de Marie car Marie n’a pas eu de tombeau et son corps a été élevé au Ciel ».

Marie dit :

« Comme fut pour moi une extase la naissance de mon Fils, et comme du ravissement en Dieu, qui me prit à cette heure, je revins présente à moi-même et à la terre, avec mon enfant dans les bras, ainsi ce qu’on appelle improprement ma mort, ce fut un ravissement en Dieu.

Me fiant à la promesse que j’avais eue dans la splendeur du matin de la Pentecôte, j’ai pensé que l’approche du moment de la dernière venue de l’Amour, pour me ravir en Lui, devait se manifester par un accroissement du feu d’amour qui toujours me brîlait. Et je ne me suis pas trompée.

De mon côté, plus la vie avançait, plus grandissait en moi le désir de me fondre dans l’Eternelle Charité. J’y étais poussée par le désir de me réunir à mon Fils, et la certitude que je n’aurais jamais fait autant pour les hommes que quand j’aurais été, orante et opérante pour eux, au pied du Trône de Dieu. Et avec un mouvement toujours plus enflammé et plus rapide, avec toutes les forces de mon âme, je criais au Ciel : « Viens Seigneur Jésus ! Viens Eternel Amour ! ».

L’Eucharistie, qui était pour moi comme la rosée pour une fleur assoifée, était vie pour moi, oui, mais plus le temps passait plus elle devenait insuffisante pour satisfaire l’irrésistible anxiété de mon cœur. Il ne me suffisait plus de recevoir en moi mon Fils Divin et de le porter au-dedans de moi dans les Espèces Sacrées comme je l’avais porté dans ma chair virginale. Tout moi-même voulait le Dieu Un et Trin mais pas sous les voiles choisis par mon Jésus pour cacher l’ineffable mystère de la Foi, mais tel qu’il était, est et sera au centre du Ciel. Mon Fils Lui-même, dans ses transports eucharistiques, me brûlait par des embrassements de désir infini et chaque fois qu’il venait en moi avec la puissance de son amour, il m’arrachait pour ainsi dire l’âme dans son premier élan, puis il restait avec une tendresse infinie en m’appelant : « Maman ! », et je le sentais anxieux de m’avoir avec Lui.

Je ne désirais plus autre chose. Je n’avais même plus le désir de protéger l’Eglise naissante, dans les derniers temps de ma vie mortelle. Tout était disparu dans le désir de posséder Dieu, par la conviction que j’avais de tout pouvoir quand on le possède.

Arrivez, ô chrétiens, à ce total amour. Tout ce qui est terrestre perd sa valeur. Ne regardez que Dieu. Quand vous serez riches de cette pauvreté de désir, qui est une richesse incommensurable, Dieu se penchera sur votre esprit pour l’instruire d’abord, pour le prendre ensuite, et vous monterez avec Lui vers le Père, le Fils, l’Esprit Saint, pour les connaître et les aimer pendant la bienheureuse éternité, et pour posséder leurs richesses de grâces pour vos frères.

On n’est jamais si actif pour nos frères que quand on n’est plus parmi eux, mais que l’on est des lumières réunies à la Divine Lumière.

L’approche de l’Amour Eternel fut marquée par ce que je pensais. Tout perdit lumière et couleur, voix et présence, sous la splendeur et la Voix qui, en descendant des Cieux ouverts à mon regard spirituel, s’abaissaient sur moi pour cueillir mon âme. On dit que j’aurais jubilée d’être assistée à cette heure par mon Fils. Mais mon doux Jésus était bien présent avec le Père quand l’Amour, c’est-à-dire l’Esprit Saint, troisième Personne de la Trinité Eternelle, me donna le troisième baiser de ma vie, ce baiser si puissamment divin que mon âme s’exhala en lui, en se perdant dans la contemplation comme une goutte de rosée aspirée par le soleil dans le calice d’un lis. Et je suis montée avec mon esprit et ses hosannas aux pieds des Trois que j’avais toujours adorés.

Puis, au moment voulu, comme une perle dans un chaton de feu,
aidée d’abord, puis suivie par la troupe des esprits angéliques venus pour m’assister dans le jour éternel de ma naissance céleste, attendue déjà dès le seuil des Cieux par mon Jésus, et sur leur seuil par mon Juste Epoux de la terre, par les Rois et Patriarches de ma race, par les premiers Saints et Martyrs, je suis entrée comme Reine, après tant de douleur et tant d’humilité de pauvre servante de Dieu, dans le Royaume de la joie sans limite. Et le Ciel s’est refermé sur la joie de me posséder, d’avoir sa Reine dont la chair, unique entre toutes les chairs mortelles, connaissait la Glorification avant la résurrection finale et le dernier jugement ».

Jésus dit :

« Il y a une différence entre la séparation de l’âme d’avec le corps pour une vraie mort, et la séparation momentanée de l’esprit d’avec le corps et d’avec l’âme qui le vivifie par extase ou ravissement contemplatif. Alors que la séparation de l’âme d’avec le corps provoque la mort vraie, la contemplation extatique, c’est-à-dire l’évasion temporaire de l’esprit hors des barrières des sens et de la matière, ne provoque pas la mort. Et cela parce que l’âme ne se détache pas et ne se sépare pas totalement d’avec le corps mais le fait seulement avec sa partie la plus excellente qui se plonge dans les feux de la contemplation.

Tous les hommes, tant qu’ils sont en vie, ont en eux l’âme, morte par suite du péché ou vivante par la justice, mais seuls les grands aimants de Dieu atteignent la contemplation vraie.

Cela tend à montrer que l’âme, qui conserve l’existence tant qu’elle est unie au corps, et cette particularité est pareille en tous les hommes, possède en elle-même une partie plus excellente : l’âme de l’âme ou l’esprit de l’esprit, qui chez les justes sont très forts, alors que chez ceux qui ont cessé d’aimer Dieu et sa Loi, ne serait-ce que par la tiédeur ou les péchés véniels, ils deviennent faibles, privant la créature de la capacité de contempler et de connaître, autant que peut le faire une créature humaine, selon le degré de perfection qu’elle a atteint, Dieu et ses éternelles vérités. Plus la créature aime Dieu et le sert de toutes ses forces et possibilités, et plus la partie la plus excellente de son esprit augmente sa capacité de connaître, de contempler, de pénétrer les éternelles vérités.

L’homme, doué d’une âme rationnelle, est une capacité que Dieu emplit de Lui-même. Marie, étant la plus sainte de toutes les créatures après le Christ, a été une capacité comble, jusqu’à déborder sur ses frères dans le Christ de tous les siècles, et pendant les siècles des siècles, de Dieu, de ses grâces, de sa cahrité et de ses miséricordes.

Elle a trépassé, submergée par les flots de l’amour. Maintenant, au Ciel, devenue un océan d’amour, elle déborde sur les fils qui lui sont fidèles, et aussi sur les fils prodigues, ses flots de charité pour le salut universel, Elle qui est la Mère universelle de tous les hommes ».

 

 

 

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